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Guinée : Propositions pour la Transition « Civilo-Militaire » (Mamadou Hasmiou DIALLO)

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Depuis quelques jours, j’observe avec optimisme le grand chambardement engagé par le Conseil National pour le Redressement et le Développement (CNRD) en République de Guinée, après la prise du pouvoir par les forces spéciales, le 5 septembre 2021. 

Le peuple oscille entre joie et inquiétude sur ses perspectives d’avenir et celles de la nation. Les actes et discours rassurants et prometteurs de la junte militaire font revivre la population, qui avait pendant longtemps perdu sourire et gaieté. Des pourparlers, dits de consultations nationales, ont été engagés. L’espoir renait chez une majorité de guinéens, bien que quelques-uns restent inquiets quant à la transition qui sera menée par cette junte, et l’avenir de celle-ci.

Dans ce contexte, très complexe où l’avenir de tout un peuple se décide, il y a lieu de s’interroger sur la ligne de conduite à adopter pour mener une telle transition.

Dans le cadre des démarches consultatives initiées par le CNRD, je propose la rédaction d’une feuille de route définissant des axes de travail clairs, couvrant les principaux chantiers de réforme, à destination d’une équipe réduite de ministres civils et militaires chargée de mener les actions présentées pour la mise en place de cette transition « civilo-militaire ». Cette équipe concentrera ses actions sur les réformes choisies – définies dans ce document mis à disposition de tous – se fixant pour règle de ne pas y déroger afin d’éviter toutes dispersions ou désorientations de ces objectifs préalablement déterminés pour une transition juste, équitable et constructive pour le peuple guinéen – car, en souhaitant développer tout azimut le pays ou répondre aux attentes particulières de chacun des ordres sociétaux en place (organisations religieuses, politiques ou sociales, formelles ou informelles), elle risque de ne pas atteindre sa finalité première, qui est de fixer des bases juridiques primordiales et nécessaires pour une démocratie solide, assise d’un développement harmonieux pour la nation guinéenne.

Dans l’élaboration de cette feuille de route, j’opterais pour les trois grands axes suivants de réforme : la Réconciliation nationale, la Restauration de l’Etat de droit et la Réforme du système institutionnel et politique. Ces lignes directrices principales proposées en toute bonne foi, décrites ci-après, orienterons l’équipe en charge de la transition tout au long de sa mise en œuvre et lui permettrons de toujours garder du sens dans les actions menées. Dans la gestion d’un projet, quel qu’en soit l’envergure, la définition du cadre est ainsi essentielle pour sa réussite. Ces trois volets de réforme pourront alors être décomposés en actions de redressement, dont j’en propose ici également la teneur.

Ainsi, avant toute chose, le CNRD se doit de définir une charte de transition dans laquelle l’organisation, les actions et la durée de la transition sont clairement décrits afin d’orienter le peuple et les institutions internationales, mais également de guider ses équipes en charge de la mise en œuvre de la transition.

Pour ma part, comme je viens de l’énoncer, je conseille d’orienter la transition sur les trois axes principaux de réforme suivants :  

  • La Réconciliation nationale, l’éducation et l’intégration sociale du peuple

La réconciliation nationale ne peut, en réalité, être sérieuse sans implication de la Justice. Une démarche juridique devra donc être mise en œuvre par la rédaction de textes de loi, notamment pour garantir l’intégrité physique et morale de chaque individu ainsi que ses droits et ses devoirs dans la société (Cf. axe 2 ci-dessous).

Néanmoins, en parallèle de la définition de réformes juridiques, un comité d’apaisement social composé de personnalités dont l’intégrité morale est reconnue et respectée par le peuple, pourrait être mis en place afin de porter des messages fédérateurs et pacifiant de respect et de solidarité. Le choix des représentants de ce comité doit être représentatif du peuple tant sur le plan social, politique, ethnique que religieux.

Les responsabilités que portera ce comité devront de plus être élargies aux partis politiques, leaders d’opinion, médias et enseignants, car ceux-ci ont, dans leur raison d’être, respectivement un rôle de régisseur social et sociétal, d’influenceur, de transmission d’informations et de transmission de savoirs. Les messages qu’ils diffuseront au travers de leur communication dans l’exercice quotidien de leurs fonctions, devront être unificateurs et réconciliateurs. Les dérives communautaires, comme toutes formes d’atteinte à l’intégrité de chaque être humain, ne devront pas restées impunies.

  • La Restauration de l’Etat de droit

Cet axe abonde de sujets à traiter, afin de redresser la tendance politique jusque alors instaurée pour bâtir le socle d’un Etat de droit. Il s’agit de :

  • la Rédaction d’une nouvelle Constitution

La rédaction d’une nouvelle constitution doit tenir compte les attentes du peuple et de la réalité du pays. Elle doit être très exigeante sur les conditions d’accession aux postes clés de la République, qui engage la nation au niveau national et international, tels que celui de Président de la République, de Président de l’Assemblée Nationale ou de Premier Ministre : pour se voir confier ces fonctions, elle pourrait ainsi imposer aux requérants d’être guinéen(ne), âgé(e) de 35 ans au moins et 75 ans au plus, de travailler et vivre en Guinée depuis au moins 5 ans, et d’avoir un casier judiciaire vierge.  

  • la Réforme de la Commission Electorale Nationale Indépendante

La CENI, organe principal chargé de l’organisation et de suivi des élections, doit faire l’objet d’une réorganisation afin de redéfinir les processus électoraux sur le plan juridique notamment. Elle doit se conformer à un protocole juste et invariable, géographiquement comme temporellement. Son comité directionnel qui aura à charge de prouver son honnêteté et intégrité, devra être renouvelé régulièrement, selon une périodicité définie juridiquement. Le fichier électoral devra également être vérifié pour supprimer les inscriptions doubles, caduques ou fallacieuses, et mis à jour, afin que chaque guinéen en âge de voter soit inscrit sur les listes électorales et puisse exercer son droit de vote pour choisir librement le Président de la République qu’il souhaite voir gouverner.

  • la Révision des lois de la République et adaptation des textes juridiques au peuple guinéen

La révision des lois de la République devra être initiée afin de les adapter aux réalités sociales, politiques, économiques et environnementales actuelles du pays. Nos textes juridiques doivent évoluer parallèlement à l’évolution de la société nationale et internationale, notamment pour garantir la crédibilité de nos institutions. Cette réforme doit s’inscrire dans le rééquilibrage du pouvoir politique d’Etat.

Ces lois s’appliqueront à tous pour qu’enfin tout guinéen, quel que soit la place sociale qu’il occupe dans la société, qu’il soit gouvernant ou gouverné, soit soumis à la même justice.

Une traduction de la loi dans nos langues locales devra également être réalisée par les magistrats et juges, puis diffusée par les médias nationaux afin que nul ne puisse l’ignorer – et que les personnes n’ayant eu la chance d’aller à l’école puissent, tout autant que leurs semblables, être en connaissance de leurs droits et devoirs républicains. 

  • l’Indépendance totale et définitive de la Justice

Afin de s’affranchir de tout risque de déviance dictatoriale, la Justice guinéenne doit retrouver son indépendance totale. La nouvelle Constitution devra être rédigée en ce sens. L’intégrité et l’honnêteté seront des compétences indispensables reconnues et valorisées publiquement. Tous les moyens nécessaires à sa bonne exécution devront être mis à disposition de ces « serviteurs du peuple ».

Des dossiers seront ouverts auprès des juridictions compétentes afin de punir tous coupables, notamment, de crimes économiques et/ou d’atteinte à l’intégrité physique et psychologique humaine. 

  • La Réforme du système institutionnel et politique

En s’appuyant sur les lois et normes juridiques instaurées en vue de la « Restauration de l’Etat de droit », il serait de restructurer les institutions et administrations publiques. Pour ce faire, il faudrait :

  • Dépolitiser et réorganiser les institutions et administrations publiques

Lors de la Révision des lois de la République, un axe de travail devrait être la rédaction de textes juridiques régissant le fonctionnement des administrations et institutions et leur gestion des affaires, afin de sanctionner le non-respect des principes fondamentaux de l’administration. Des commissions d’enquêtes et de contrôles pourraient alors être constituées pour auditer les administrations et institutions.

  • Réforme fiscale et Audit financier

Les politiques fiscales doivent être en premier plan dans la réforme de nos institutions financières. Il est primordial d’engager des réformes fiscales pour doter de la Guinée une législation fiscale moderne. Les politiques fiscales permettent à l’Etat d’encaisser des recettes pour financer et entretenir les biens communs de la nation (hôpitaux, routes, écoles, …).

Le CNRD doit faire de la réforme fiscale et de l’audit financier l’une de ses principales actions gouvernementales. Une commission d’audit indépendante, chargée d’enquêter sur les crimes financiers puis de les traduire en justice, devra être mise en place.

  • Règlementer le climat d’affaires 

Il est également important de doter la Guinée d’une règlementation des affaires souple afin d’encourager la création d’activités économiques. Les réformes, qui pourront être menées dans ce sens, viseront la création d’entreprises, l’entrepreneuriat, le commerce et l’insertion des jeunes dans le monde des affaires. Elle permettra aussi d’attirer les investisseurs étrangers, qui seront eux-aussi soumis aux règlements instaurés. Néanmoins, pour s’affranchir des abus de certains investisseurs, commerçants ou entrepreneurs nationaux et internationaux, il s’agira de reformer le climat des affaires.

  • Mise en place d’une Charte déontologique pour les formations politiques

La pratique de la politique politicienne en Guinée devra être repensée par la définition d’une charte déontologique. Les formations politiques, indispensablement inscrites dans le respect de celle-ci, devront baser leur programme sur des projets de société concrets et bénéfiques pour le peuple. La participation de ces formations à une élection devra remplir les conditions strictement définies dans la charte et en rapport avec les lois de la République. Aucune tolérance ne sera accordée aux partis politiques incitant à la division sociale.

Pour mener à bien cette transition, le CNRD doit être strict dans le choix de ses actions et dans leur réalisation. Sa mission n’étant pas de développer la Guinée mais d’y instaurer des instances de droit, il doit s’assurer de la constitution d’institutions fortes pour une démocratie solide.

Pour ce faire, même si le peuple attend beaucoup de lui, il lui est vivement conseillé de déterminer des axes de réformes prioritaires permettant de constituer un socle démocratique en Guinée, sans se disperser sur de trop nombreux chantiers qui le conduiraient à l’échec.

Concernant mes propositions, je pense qu’il serait envisageable de les mettre en œuvre dans un horizon de deux ans – durée que pourrait alors couvrir la transition.

Par Hasmiou DIALLO, Consultant en Business Intelligence et Enseignant à l’Université d’Angers en Intelligence Economique et Stratégies Compétitives. E-mail : madhasmiou@yahoo.fr

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Monsieur le Président, faites encore parler votre cœur ( Par Alpha Amadou Diari Diallo )

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Dans l’opinion publique guinéenne, le 5 septembre de chaque année peut être interprété de trois manières. 

1.      C’est la date qui marque la chute ‘’déboutonnée’’ du Président Alpha Condé. Deux ans après le coup d’Etat, ce n’est donc pas avec une sucette à la bouche que les partisans et sympathisants de « Papa promesses » vont se souvenir de cette date.

2.      C’est également une date qui a fait sauter de joie tous ceux qui détestaient Alpha Condé et le combattaient comme Ebola ou le coronavirus.

3.      Pour d’autres Guinéens, le 5 septembre marque le point final du destin de valeureux fils du pays comme le commandant Patrice Soumaoro, tombé pour la cause du colonel Doumbouya, au palais Sekhoutoureya. Cette date nous plonge, nous amis du commandant Patrice Soumaoro, dans un réchauffement bouillant de souvenirs frais dans nos mémoires et une triste séparation brutale. Un adieu amer, au goût de petit cola mélangé à de la quinine.

Jusqu’à ce que je le rejoigne au royaume des cieux, j’ai décidé de toujours griffonner quelque chose pour rendre vivante l’absence d’un être cher, dont le triste sort de soldat a conduit à une mort sans tombe. Hélas !

Comprenez-le tout de suite, l’esprit de ce texte n’a donc pas pour objectif de politiser le sujet, ni de polémiquer sur quoi que ce soit. C’est un hommage, un appel pressant que je lance au colonel Mamadi Doumbouya. En chef militaire rigoureux et intelligent, je lui fais un clin d’œil respectueux, afin qu’il nous aide à enterrer dignement et dans l’honneur le commandant Patrice Soumaoro et les autres fils du pays tombés pour la cause d’un homme, et probablement pour celle du peuple. May be.

Je reste convaincu que le colonel Mamadi Doumbouya n’a pas une pierre à la place du cœur. Même si au cours de son parcours militaire l’homme a certainement côtoyé l’horreur.   

Monsieur le Président, en mars dernier, les Guinéens avaient largement salué votre implication personnelle dans le rapatriement des compatriotes désireux de rentrer chez eux après les propos polémiques du président tunisien, Kais Saied, annonçant des mesures urgentes contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne.

La Guinée, pour l’une des rares fois, sous votre leadership, avait pris ses responsabilités, ce qui est la marque des Etats sérieux, qui réagissent instantanément, chaque fois que leurs ressortissants sont en danger à l’étranger. 

Tous ceux qui ont encore un peu d’humanisme et de pitié ont été touchés par votre philanthropie, lorsque vous avez décidé d’adopter Safiatou, cette jeune fille de 16 ans encore innocente, qui avait perdu ses deux parents dans un incendie, alors qu’elle passait l’examen du BEPC (brevet d’études du premier cycle). On a revu Safiatou quelques mois plus tard, dans des images publiées sur les réseaux sociaux, bien heureuse auprès de votre famille biologique.

Monsieur le Président, vous accéléreriez votre générosité envers cette jeune fille jusqu’à lui offrir une superbe villa. Très sincèrement, sans verser dans la démagogie, seul Dieu le Très-Haut pourra vous rétribuer pour ces actes salutaires, dans une société où l’orphelin et le pauvre sont pratiquement abandonnés, mal aimés et mal considérés.

Au regard de la vulnérabilité et du caractère précaire de nombreuses familles en Guinée, la famille du commandant Patrice Soumaoro et, fort probablement, celles des autres éléments des forces spéciales broient du noir depuis la mort de leurs pères, maris, fils, oncles…

Monsieur le Président, souvenez-vous du proverbe selon lequel les hautes herbes peuvent cacher les pintades, mais jamais elles ne peuvent étouffer leurs cris.

Agissez pendant qu’il est temps. Sinon, je sens la tension monter Monsieur le Président. Sinon, je vous promets que les enfants des défunts ne vont pas vous pardonner de les avoir empêchés de se recueillir auprès des tombes de leur géniteur.

Je suis convaincu que vos enfants aimeraient un jour dire : ici repose le colonel Mamadi Doumbouya. Je vous souhaite une très longue vie, Monsieur le Président.  

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Guinée : une presse prise en otage par des affairistes
(par Alpha Amadou Diari Diallo, Journaliste)

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J’aimerais m’adresser à mes vaillants et intrépides confrères de tous les médias, afin que nous puissions tous ensemble, comme des médecins, diagnostiquer, traiter, et guérir un cancer qui va bientôt et très rapidement monter au stade suprême, ultime, si rien n’est fait. De quoi s’agit t-il ? Lisez mon texte avec une civière à côté, pour transporter la presse à la clinique de l’éthique et de la déontologie.

La presse guinéene a une très riche histoire, que le doyen Alpha Kabinet Doumbouya, dans une interview qu’il accorde à Guineematin.com, scinde en 4 parties :

– la période coloniale;
-la période des indépendances;
-la période de la démocratie;
-la période de la révolution numérique.

S’il est vrai que la curiosité est une qualité essentielle que le journaliste doit avoir, alors j’incite mes confrères, à aller s’abreuver dans les explications du doyen, que ma mémoire holographique  ne saurait retranscrire avec fidélité, au risque d’omettre la plus petite virgule.
J’ai trop de respect pour ceux que nous appelons tendrement aujourd’hui “les anciens”.
Pas parce qu’ils savaient attacher une cravate au cou, comme le ferait un berger sur une vache, pour ne pas qu’elle s’enfuit. Pas parce qu’ils portaient des vestes de présidents,  des souliers de papa Wemba, de Werrason, ou de Koffi Olomidé. Non plus pour le modèle dernier cris des voitures qu’ils conduisaient.

Mon admiration, mon estime, et ma considération pour ces journalistes qui ont roulé leurs bosses dans tous les genres journalistiques, avec succès et brio, s’expliquent par le respect des règles qui régissent notre métier qu’ils ont su observer avec rigueur. Journalistes, ils l’ont été  avec les peines et les joies du métier, sans se souiller, ni tricher.
Quelque chose m’écœure et me sidère.

Mais qui a dit à mes talentueux confrères, que le journalisme, c’est la communication ??? Catastrophe ! Désastre ! Inacceptable !

En Guinée, presque tous les jeunes journalistes, frappés par le vedettariat,  ont des agences de communication, et traitent avec ceux qu’ils doivent critiquer, en cas de faille dans la gouvernance de ces derniers. Ce qu’il conviendrait d’appeler honteusement, un conflit d’intérêt grave. Pour la bonne santé de la corporation, il faudrait que nous revenions aux fondamentaux du métier, que nous ne saurions réinventer.

Un journaliste en activité, ne saurait piloter en même temps une agence de communication. Toutes les chartes déontologiques, y compris celle de Munich, désapprouvent et condamnent le mélange des deux. Autrement dit, le journaliste qui donne l’information, ne peut pas en même temps faire de la publicité. Un juge en fonction peut-il être en même temps un avocat ?

La misère dans la presse, ne saurait être un alibis, un avocat défenseur du tortillement des règles élémentaires de la pratique du journalisme. Que les journalistes se battent tous ensemble, pour avoir des conventions, qui garantissent leur sécurité financière. Avec le développement des nouveaux médias, et la monetisation des chaînes YouTube,  et des pages Facebook…, les jeunes journalistes que nous sommes, aussi respectueux que nous soyons, pouvons “belliqueusement” dire aux anciens : vous avez eu tord de dire que le journalisme ne nourrit pas son homme.

Mais pour sauver le grand malade, il est urgent de recréer l’observatoire des règles d’éthique et de déontologie. Cet observatoire, aura pour mission principale de nettoyer de fond en comble l’écurie d’augias. 

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Elhadj Ousmane Fatako Baldé :
Décès d’une gloire, naissance d’un nouvel élan.
(Par Alpha Amadou Diari Diallo, Journaliste)

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Elhadj Ousmane Fatako, est-il vraiment mort, ou a t-il juste décidé de prendre une petite retraite terrestre, pour laisser la place à une nouvelle, et grande organisation, une introspection pour sa communauté, aux siens, aux Guinéens ?

En attendant d’avoir la réponse à ma question, et malgré les tonitruants articles publiés par tous les médias en ligne du pays, concernant son départ inattendu et brusque, je reste coi.

” Ceux qui sont morts ne sont pas partis :
Les morts ne sont pas sous la terre.
Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans le rocher qui geint,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts…”

En le disant en 1960,  Birago Diop n’aurait jamais pu imaginer qu’en 2023, malgré tous les soubresauts technologiques et modernistes que le monde a connu, un jeune homme d’une vingtaine d’années, allait s’approprier de son texte pour le contextualiser, et le mettre à l’honneur d’un digne fils de la Guinée.

” Elhadj Ousmane Fatako n’est pas mort.
Il parle , conscientise et inspire les nombreux jeunes qui l’admirent, au peuple de Guinée qui le pleure.

Elhadj Ousmane Fatako n’est pas mort.
Il est dans les mosquées qu’il a construites.
Il est dans les cœurs des pauvres qu’il a servis.
Il est le repère des combattants.
Il est une source intarissable de courage, de travail d’abnégation.
Il est, il est…”

Paix éternelle à son âme au royaume de Dieu, le Tout Puissant, l’unique. Cependant, je m’interroge sur la préservation de ses acquis. Sur la nouvelle version de la vision à imprimer. Sur le rôle et l’impact des coordinations régionales dans une Guinée qui accepte d’être divisée ideologiquement, à cause de la politique politicienne et malsaine, mais que pourtant tout relie (histoire, religion, sociologie, migration…)

Dans une logique d’épuration des cœurs carbonisés, et des esprits toxiques, qui voudraient que le peuple de Guinée soit saucissonné, et ne se mélange pas dans le frigo avec d’autres produits carnés, il serait tout à fait et en toute honnêteté logique, que les différentes coordinations régionales se réunissent chaque fois pour remettre à la fonte, les zélés de toutes parts, pour leur faire savoir qu’aucune ethnie, ne devrait constituer une menace pour une autre.

La communion, la concorde, et l’amour fraternel entre les ethnies , sont des valeurs et principes à chérir pour une Guinée multi-ethnique réconciliée.

Autrement dit, la beauté des coordinations régionales devrait résider dans la prise en charge, et la résolution des problèmes internes de chaque communauté, dans la promotion sincère du vivre ensemble.

C’est un échec, une catastrophe, si elles faillissent. En aucun cas, et pour ne rien au monde, les coordinations régionales ne doivent accepter de jouer le rôle des politiciens, dans leur schéma de : diviser pour mieux régner. La Guinée doit dépasser ce stade et cette ère d’agissement primitif.

Le décès d’Elhadj Ousmane Fatako, doit nous pousser à réfléchir davantage sur les fondements de l’existence des coordinations régionales:

1: Doivent-elles exister pour être actives dans le développement communautaire à travers la cotisation des fils/filles des différentes régions pour la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’usines…

2: Doivent-elles exister  pour la promotion des acquis culturels de chaque région ?

3: Doivent-elles exister enfin pour l’égoïsme et la gourmandise des politiciens ?

Ce qui reste pour moi une évidence, c’est que, c’est la faillite de l’Etat, qui a rendu nécessaire l’existence des coordinations régionales. 

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