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Economie guinéenne : bilan mitigé des 10 dernières années et les actions à poursuivre pour l’année 2022.  

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La physionomie de la Guinée, le contexte économique dans lequel vit la population, ainsi que le caractère très fragile de notre tissu social, mettent en exergue la nécessité de mener des réformes courageuses par le Gouvernement de transition. Ces reformes auront pour objectif de mettre fin à 63 années de mauvaise gouvernance et de corruption systémique afin d’extraire des millions de guinéens dans l’extrême pauvreté. Toutefois, il convient de souligner que la transition politique ne pourra en aucun cas répondre à toutes les attentes des guinéens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle sera suivie par la transition économique qui reste du ressort du Président qui sera démocratiquement élu par la suite.   

Cette analyse succincte a un triple objectif. Il s’agit tout d’abord d’apporter un certain éclairage sur l’état actuel de la situation économique, monétaire et financière de la Guinée, d’analyser l’efficacité en particulier des mesures prises au niveau budgétaires et monétaires pour l’année 2022 ainsi que de faire quelques recommandations sur les actions d’avenir.  

Cependant, malgré le potentiel de développement incommensurable en termes de détention de ressources du sol et du sous-sol, l’économie guinéenne reste profondément marquée ce jour par : 

  • Une croissance économique plus ou moins acceptable mais très mal repartie (6,2% en moyenne de 2011 à 2021 cf . Popular Indicator de la Banque mondiale) ; 
  •  Une croissance démographique de 2,5 % en moyenne annuelle (cf. Popular Indicator de la Banque mondiale) ;
  • Un excédent commercial depuis 2017 (15,1 % du PIB par an de 2017 à 2021 cf. Balance de paiement de la BCRG) ; 
  • Un dette extérieure massive (avec un encours de GNF 4 510,4 Mds en 2021 contre 1,4 Mds après avoir bénéficié d’une réduction de USD 2,1 Mds de dette multilatérale en septembre 2012 avec l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés) ; 
  • Une masse monétaire en progression de 257,6% en 10 ans ; 
  • Une monnaie nationale défaillante qui a perdu sa fonction de réserve de valeur.  
  • Un secteur minier mal structuré et mal géré etc. 

Pour faire face à ces défis, il sera nécessaire d’adopter un plan de relance de l’économie nationale dont l’objectif principal s’articulera autour de la Refondation et la Révision Générale des Politiques Publiques (RRGPP). Pour atteindre un tel objectif, un changement à la fois des mentalités mais aussi du fonctionnement des institutions du pays s’impose.

De façon spécifique il s’agit de mettre fin à la mauvaise gouvernance à travers une gestion efficiente des finances publiques, la lutte contre la délinquance économique et financière structurelle ainsi que la pauvreté.  

L’essentiel des statistiques fournies dans cette analyse est le résultat du recoupement de diverses données officielles du Ministère de l’économie des finances, et du plan à travers le MSEGUI (Modèle de Simulation de l’Economie Guinéenne) de la BCRG et de la Banque mondiale (Popular Indicator)

Comment en est-on arrivé là ? 

En dépit des efforts consentis par les autorités guinéennes, les principaux indicateurs macroéconomiques se sont nettement détériorés au cours des 10 dernières années car, la croissance économique est passée de 1,9% en 2011 à 7,0% en 2020 avec une prévision de 5,5% en 2021 (cf. cadrage macroéconomique de novembre 2021) contre des réalisations respectives de 10,8% en 2016 et 10,3% en 2017. Cette contre-performance s’explique par l’impact de l’épidémie EBOLA, la baisse du prix des matières premières exportés, les manifestations orchestrées par les opposants, l’attentisme né des élections législatives de 2013 et de celles présidentielles de 2015. A ces facteurs s’ajoutent la baisse des importations surtout pour les années 2015 et 2021 ainsi que l’épidémie  qui a eu un impact considérable sur le mode de fonctionnement de l’économie nationale.  

De plus, l’effectif civil de la fonction publique tel que résultant de la fiche des paies a atteint 108 750 fonctionnaires à fin novembre 2021 (à noté que l’Etat guinéen a mis en retraite 8 000 fonctionnaires civils et militaires entre septembre et décembre 2021), contre 99 337 en décembre 2011 avec une masse salariale en augmentation de 219,5% (GNF 285,3 Mds en 2011 vs 89,3 Mds en 2011).  

Sur le marché de change, le GNF a été changé en moyenne à GNF 9 291 contre un dollar américain et GNF 10 409 contre un Euro en 2021, après respectivement GNF 6 670 contre un dollar et GNF 9 280 contre un euro soit des dépréciations nominales respectives de 39,3% et de 12,2%. Quant à la prime de change entre le marché officiel et parallèle, elle a été de -0,5% face au dollar américain et -0,4% face à l’Euro en décembre 2021 après respectivement 12,4% face au dollar américain et 10,8% face à l’Euro en 2011. Cette hausse du taux de change a entrainé l’affaissement de la valeur extérieure de la monnaie ainsi que le déficit commercial entre 2011 et 2016 (dont 13,2% du PIB par an de 2014 à 2016). Les réserves de change de la Banque Centrale s’effondrent en moyenne à moins d’un mois d’importations contre un minimum de trois (3) d’importations comme le recommande le FMI et/ou les accords de convergence dans le cadre de la création de la monnaie unique CEDEAO.   

L’inflation en glissement annuel s’établit à 12,5% en glissement annuel contre 19,0% en 2011 (en passant par des taux d’inflation de moins de 10% entre 2016 et 2019) soit un gain de 6,5 points. Cette même tendance est observée au niveau de l’inflation en moyenne annuelle qui a fléchit en passant de 21,4% à 12,6% à fin décembre 2021. Selon les sources officielles, l’inflation est tirée par les prix de la composante alimentaire, en lien avec la hausse du prix du carburant à la pompe et les difficultés d’approvisionnement des marchés en produits locaux de consommation.

Sur le plan monétaire, nous assistons à l’explosion de la masse monétaire qui a progressé de 257,6% passant de GNF 11 326 en 2011 à GNF 40 503 Mds en 2021 contre GNF 37 420,6 Mds auparavant à la même période de 2020 soit un accroissement de 8%. De plus, à fin novembre 2021, le taux de liquidité de l’économie se situait à 33,3% contre 15% dans les pays qui assurent une gestion efficace de leur économie. Le résultat de ces quelques évolutions macroéconomiques est l’aggravation de la pauvreté en Guinée. De ce fait, l’indice Général de la Pauvreté a atteint 44% en 2019 (cf. site de l’Institut National des Statistiques). Quant à la pauvreté multidimensionnelle, elle touche 66,2% de la population (soit 8,220 milliers de personnes) en particulier les femmes et les enfants (cf. Rapport sur le développement humain 2020).     

Les prévisions faites par le Gouvernement pour 2022 : 

Suivant les prévisions faites pour l’année 2022 dans le cadrage macroéconomique parut au mois de novembre 2021, les autorités guinéennes fixent un objectif de croissance de 5,7% du PIB (Produit Intérieur Brut) contre 5,5% dans la loi de finances rectificative de septembre 2021. En ce qui concerne la monnaie, les autorités monétaires visent à atteindre un taux d’inflation de 9,5% en glissement annuel et 10,1% en moyenne annuelle. S’agissant des finances publiques, le projet de loi de finance prévoit un taux de pression fiscale de 13,9% du PIB contre 13,5% en 2020 (cf. discours du Ministre du budget devant l’Assemblée Nationale). Dans la même lancée, le Gouvernement guinéen souhaiterait avoir un niveau de déficit budgétaire de 2,5% du PIB donc inférieur à 3% conformément au critère de convergence, un maintien des réserves de changes à trois (3) mois d’importations et un taux de liquidité de l’économie à 23,3%. Quant au taux de change, il sera stabilisé à GNF 9 696 le dollar et GNF 11 962 l’Euro tout en continuant naturellement à réduire la prime de change entre le marché parallèle et officiel.   

Nous ne saurons terminer cette partie sans exprimer notre reconnaissance à certains hauts cadres de ce pays qui nous ont facilité la tâche à travers la transmission des bases des données fiables. Cependant, il est à déploré que nous n’ayons pas obtenu un retour sur la prévision de l’inflation malgré notre insistance afin de nous permettre de vérifier que les données du cadrage du mois de novembre n’ont pas été révisé à la hausse ou à la baisse. 

Que faire de plus pour s’assurer de l’efficacité des mesures prises par le Gouvernement de transition pour l’année 2022 ?  

A notre humble avis, les autorités doivent reconsidérer certaines prévisions qui sont déjà validées et diffusées même si c’est à mi-parcours, en ce sens que l’économie guinéenne est non seulement sensible aux chocs exogènes (absence de bouclier antichocs) mais aussi, elle est championne des variations erratiques et inexplicables du niveau des indicateurs macroéconomiques quoi que l’on nous dira que ce travail est effectué par des spécialistes du domaine.   

Pour nous, cette révision doit concerner surtout les projections faites sur le taux de croissance économique, le taux de change et le taux d’inflation pour ne citer que ces 3 indicateurs macroéconomiques. Il s’agit de ramener le taux de croissance économique, en prenant en compte les nombreuses incertitudes liées à la fois aux contextes national et international à 3%.  

S’agissant du cas particulier du taux de change, le principal conseil que nous prodiguons au Gouvernement de transition se situe à deux niveaux. En première position, il s’agit de chercher à consolider à moyen et long terme notre excédent commercial tiré essentiellement par les mines même si nous savons qu’il s’explique en grande partie également par la baisse des importations suite à la MALADIE.  

En seconde position, il faudra résoudre le déficit de la production du secteur non minier afin de répondre aux besoins de la population qui dépend des importations de biens et services. A cela, s’ajoutent l’absence de politiques de régulation des prix et d’une économie faiblement bancarisée (moins de 10% de la population détient un compte bancaire suivant les données statistiques que nous avons reçu des autorités compétentes) même si l’on soutient côté Banque Centrale que ce taux tournerait autour de 15%. 

Enfin, concernant l’inflation, il serait prudent au regard de la situation actuelle qui prévaut, le niveau de la masse monétaire (à titre de rappel, la masse monétaire a doublé entre 2009 et 2010 après la prise du pouvoir par le CNDD passant d’un peu plus de GNF 5 000 Mds à GNF 10 636 Mds) ainsi que la progression de la base monétaire, de se fixer un niveau raisonnable de 13% pour 2022 contre un objectif initial de 9,5% (cf. cadrage macroéconomique du mois de novembre 2021).  

Pour parvenir à hisser ce pays très haut, il est indispensable de mettre en avant la cohérence à l’action Gouvernementale. Cela passe par la séparation des mesures conjoncturelles dont l’objectif est la stabilisation macroéconomique, monétaire et financière, des mesures structurelles (ne relevant point d’un Gouvernement de transition politique) dont l’objectif sera la promotion durable de la croissance économique et la réduction de la pauvreté. 

Les mesures suivantes peuvent renfoncer l’efficacité des choix faits par les autorités du pays en 2022 :

Nous pensons comme tout autre guinéen soucieux de l’avenir de notre pays que pour que l’ensemble des annonces faites par le Président du CNRD à fin décembre 2021 aient une chance d’aboutir les mesures ci-dessous s’imposent : 

    • Intensifier le combat contre la dilapidation des ressources financières et la corruption par une sécurisation accrue des régies financières conformément aux réformes menées par le dernier ministre du budget ; 
    • Faire des économies en poursuivant l’assainissement du fichier de la fonction publique en toute légalité ; 
    • Poursuivre la sécurisation des réserves de change de la nation afin de permettre au pays de faire face à ces importations sur une longue période ; 
    • Mettre fin à la pratique consistant de la part de certains particuliers et de certaines entreprises privées, à fixer leurs prix en devises qui n’ont pas cours légal dans le pays. Cela permettra de défendre le taux de change de la monnaie nationale en diminuant son offre sur le marché de change ; 
  • Enfin, d’autres réformes doivent être menées par le Gouvernement de transition comme annoncée. Il s’agit entre autres des réformes de la Justice, des Forces de Défense et de Sécurité, de la coopération technique et internationale, de la coopération Régionale et Sous-régionale, etc. Toutefois, l’économie n’étant pas une science exacte, une réforme techniquement bien conçue peut aboutir à l’échec si le contexte général de son application n’est pas propice, tout comme une mauvaise réforme peut réussir dans un contexte général favorable. La réussite de ce vaste chantier n’est possible que dans l’Unité Nationale. La Guinée étant Une et Indivisible, la consolidation de l’Unité Nationale est indispensable au progrès économique et social (Dr Badara Dioubaté, 2011).  
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Safayiou DIALLO

Economiste.  

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“La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi.”

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En annonçant publiquement le glissement du calendrier de la transition au de-là de décembre 2024, le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui a malheureusement choisi de jouer le rôle de porte-parole des décisions prises à son insu, a juste confirmé que le CNRD n’est pas fiable.

Ceci étant, un citoyen réfléchi et ambitieux doit-il se sentir obligé de se soumettre à une autorité qui ne respecte pas ses engagements ? Pourquoi accorder plus de temps à des personnes dont la mauvaise foi est si flagrante ?

Le CNRD s’est imposé par la force pour prendre le pouvoir. Il a élaboré unilatéralement la charte, le chronogramme et le délai de la transition. Rien de tous ces actes n’est le choix du peuple de Guinée. La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi.

Dommage que l’histoire politique de notre pays ne soit qu’une éternelle répétition. Il semble donc inévitable que cette fois-ci encore les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Aliou BAH, Président du MoDeL

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Les incendies récurrents en Guinée : Comment renforcer la résilience des infrastructures critiques du pays ?

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Pour un pays, il est crucial de prioriser le renforcement de la résilience de ses infrastructures critiques afin d’assurer la sécurité et la protection de ses citoyens, de son économie et de sa souveraineté nationale.

Ces dernières années, on a observé une série d’incendies délibérés et répétés touchant de nombreux Guinéens dans leurs exploitations agricoles, sans qu’une enquête réussie puisse identifier les coupables de ces actes criminels.

Ces attaques sur les biens privés commencent à s’élargir depuis mars 2023 sur les infrastructures critiques et vitale de l’État. Ces actes visant à perturber ou détruire des installations essentielles ont un impact dévastateur sur la société et l’économie Guinéenne dans son ensemble.

Outre les centaines d’incendies d’origine humaine qui ont ravagé principalement les domaines agricoles en Basse-Guinée (Kindia, Forécariah, Boké…), quelques infrastructures essentielles de l’État ont également été la cible d’attaques depuis mars 2023 :

1- Le grand marché de Conakry Madina, la nuit du 03 mai 2024
2- Le grand marché de Conakry dabondi, avril 2023
3- La prison civile de coyah, juin 2023
4- La prison centrale de Conakry, novembre 2023
5- Le principal dépôt de carburant à Kaloum, Decembre 2023
6- La centrale thermique de Kaloum, avril 2024
7- Le pylône de Haute Tension à Manéah, mars 2024
8- Le marché central de N’Zérékoré, mars 2024
9- Le principal dépôt de la société électrique nationale EDG, avril 2024
10- Etc.

Ces événements entraînent des répercussions sérieuses et étendues sur le pays, affectant à la fois les aspects socio-économiques et sécuritaires tels que la déstabilisation sociale, le prolongement de la transition, les risques pour la sécurité nationale et les perturbations significatives dans l’économie.

La principale interrogation concerne l’identité ou les motivations des auteurs de ces attaques. S’agit-il de mobiles politiques, d’activités criminelles ou d’une stratégie de diversion ? Seule la justice et le temps permettront d’éclaircir cette question.

Il est essentiel d’identifier les diverses origines des incidents et des attaques ciblant nos infrastructures critiques afin de mettre en œuvre des mesures de sécurité adéquates pour prévenir et protéger contre de tels événements à l’avenir.

Cela débute par l’identification et la reconnaissance des infrastructures essentielles et vitales qui sont cruciales pour le bon fonctionnement de notre État, incluant notamment :

1- Les infrastructures des réseaux (Énergie, Télécommunications, Eau, Transports, Data centres, …)

2- Infrastructure sanitaire (Hôpitaux, centres de soins, laboratoires médicaux, centre d’hospitalisation épidémiologique et de pandémie…)

3- Infrastructure gouvernementale (Banques, systèmes de paiement, les institutions de maintien de l’ordre public, universités et centres de recherches, ports, camps militaire, bâtiments administratifs, centres de commandement et de contrôle, …)

4- Infrastructure alimentaire (entrepôts de stockage, usines et domaines agroalimentaires, les marchés, le réseaux de distribution… )

Ces infrastructures sont la base sur laquelle repose le bon fonctionnement de notre société. En se préparant efficacement aux menaces potentielles, en allouant des ressources aux dispositifs de sécurité appropriés et en établissant des plans d’urgence robustes, notre pays pourra se protéger contre les attaques et les situations de crise qui pourraient menacer sa stabilité et son progrès.

La protection de ces infrastructures critiques est cruciale pour assurer le fonctionnement stable et sûr de notre pays. Ainsi, plusieurs mesures doivent être prises par l’Etat Guinéen pour renforcer la sécurité de nos infrastructures telles que :

1- Identifier et classifier les infrastructures critiques et vitale dans toutes les régions du pays ;

2- Former et sensibiliser toutes les parties prenantes chargées de la gestion de ces infrastructures aux bonnes pratiques de sécurité et aux procédures d’urgence à suivre en cas d’incident ;

3- Mettre en place des systèmes de surveillance et de contrôle continu pour surveiller en permanence les infrastructures critiques et détecter toute anomalie ou activité suspecte ;

4- Adopter une législation et réglementation appropriée pour renforcer la sécurité, garantir l’accès, l’intégrité et la confidentialité des informations sensibles et punir tout incident contre les infrastructures critiques ;

5- Réaliser des évaluations régulières des risques pour identifier les menaces potentielles et les vulnérabilités de chaque infrastructure ;

6- Mettre en place des mesures de protection avancées pour prévenir les attaques sur les infrastructures (actes malveillant, cyberattaques…);

7- Disposer des équipes spécialisées pour gérer tout type d’incident sur les infrastructures critiques et vitales, coordonner les enquêtes et prendre des mesures correctives ;

8- Élaborer des plans détaillés de gestion d’urgence et de crise pour répondre efficacement aux menaces et aux incidents touchants chacune des infrastructures identifiées ;

9- Établir des partenariats et coopérer avec toutes les parties impliquées (services de renseignement, organismes de sécurité, secteur privé, …) afin de partager des informations et des bonnes pratiques en vue de coordonner les actions de sécurisation des infrastructures vitales.

En appliquant ces démarches de manière proactive et en collaboration, le gouvernement Guinéen pourra renforcer la résilience de ses infrastructures critiques, garantissant ainsi la sécurité de ses citoyens, de son économie et de sa souveraineté nationale. Cette approche aidera également à rétablir la confiance des citoyens envers les institutions du pays, ce qui est crucial pour assurer la sécurité, la sûreté et le bien-être de tous les Guinéens.

Mohamed Kourou Cissé

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“Des gens qui sont venus pour corriger nous dit on, les erreurs du passé, en viennent à faire amèrement regretter ce passé.”

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Face à l’arbitraire, la HAC et la Crief doivent être récusées

Chacun doit assumer sa responsabilité devant l’histoire et le peuple de Guinée. La justice comme boussole de la transition est devenue une gigantesque blague et une honteuse mascarade dans notre pays. Ce qui se passe en Guinée aujourd’hui sur les questions de droits de l’homme et de justice dépasse l’entendement.

Décidemment dans ce pays à chaque fois que l’on pense avoir atteint les limites du ridicule et de l’absurde, nos dirigeants nous rappellent qu’il est toujours possible d’aller encore plus loin dans l’absurdité la plus funeste et la plus spectaculaire.

Voyons un peu :
Des gens qui sont venus pour corriger nous dit on, les erreurs du passé, en viennent à faire amèrement regretter ce passé. Des dirigeants qui font de la force, de la brutalité, de l’injustice, de l’humiliation, de l’intimidation, de l’arbitraire et de l’arrogance leur marque de fabrique. Des dirigeants qui font de la justice un spectacle burlesque. Des dirigeants qui se donnent ouvertement pour objectif de détruire la presse de leur pays et les emplois qui vont avec, d’éteindre la liberté d’opinion et d’expression, et cela se passe sans grand bruit.
L’anormal en passe de devenir la normalité.

Les uns après les autres les médias se font harceler, intimider, brouiller, fermer, empêcher d’émettre, sous des prétextes fallacieux.
Les uns après les autres, les journalistes se font menacer, sanctionner arbitrairement, quand l’intimidation ou la corruption ne marchent pas, dans un silence désolant et honteux.
Tout cela avec la complicité scandaleuse et extraordinairement vicieuse de la HAC (la haute autorité de la communication).
Une HAC qui est devenue sans gêne, la main souillée des bourreaux de la presse, de la liberté d’expression, d’opinions et de communication.

Après quelques tentatives nobles de résistances, de revendications et de dénonciations, le combat semble perdu pour nos pauvres journalistes qui sont abandonnés de toutes parts.
Désespérés! désespérant! Révoltant !
Ni le peuple, ni certaines sociétés civiles, ni les autorités religieuses, ni certains politiques, ni la communauté internationale (qui a pourtant toujours accompagné et soutenu les dynamiques démocratiques de ce pays), ne semblent prendre la mesure de la gravité extrême de ce que les dirigeants actuels de notre pays se permettent et s’autorisent dans le piétinement des principes les plus élémentaires de la démocratie et de l’état de droit…..comme si les droits fondamentaux, les libertés fondamentales, les désirs démocratiques, les honneurs et les vies des guinéens et guinéennes leurs appartiennent et peuvent ainsi en faire ce qu’ils veulent.

Les caprices et les désirs narcissiques de nos dirigeants actuels valent désormais lois dans notre pays, sous le regard tristement léger et complice de tous et de chacun. Diantre !
Un jeune et brave journaliste syndicaliste s’est fait kidpanner, emprisonner et condamner, n’eut été la réaction digne et honorable des centrales syndicales, il serait encore en prison.

Face à cette impasse, face à l’entêtement et à l’arrogance du CNRD, je dis ici aux médias et journalistes indépendants qui tiennent à leur liberté et leur indépendance, que les dénonciations et les indignations ne suffisent plus.

Si cette injustice et cet abus insupportable ne cessent pas maintenant, la récusation de la HAC et le refus de reconnaître les décisions de cette institution qui est devenue une pâle et triste copies d’elle même, restent aujourd’hui les seules réactions appropriées face à cette situation manifestement illégale, injuste, inacceptable et indéfendable.

Aux médias et aux journalistes de prendre et d’assumer leur responsabilité devant l’histoire et le peuple de Guinée, en ne reconnaissant plus cette HAC, ni ses décisions, en demandant si possible à ses représentants qui y siègent, de quitter cette broyeuse(la HAC) par procuration.

Si la HAC de par sa complicité empêche les médias d’exister et les journalistes de travailler librement, que les médias enlèvent à cette fameuse HAC sa raison d’être.
Sans médias, pas de HAC !

Maintenant si les médias et les journalistes veulent s’accommoder avec cette situation intolérable ou aller négocier je ne sais quoi, avec quel argument, de quelle manière et pour quel prix, leur liberté et leur indépendance, grand bien leur fasse.
Mais alors, ils trahiront à jamais la sacralité de leur liberté, de leur indépendance, et souilleront la mémoire de tous ceux qui se sont battus et qui se battent encore pour que jamais un gouvernement, un État ou des puissants ne fassent de la presse ce qu’ils souhaitent.

De deux choix l’un, ou ils prennent le risque de mourir avec leurs honneurs en restant fidèles à leurs serment de liberté et d’indépendance quoiqu’il en coûte, ou ils croient à l’illusion d’une liberté et d’une indépendance négociées avec un gouvernement qui veut une presse servile et soumise. Ils finiront tôt ou tard par disparaître à coût sûr dans le regret et le déshonneur.
Une liberté ne se quémande pas, elle ne se donne pas, elle s’arrache, elle se conquiert.

Alors soit nos cher(e)s journalistes se battent pour leur liberté/indépendance, soit ils arrêtent de pleurnicher ( pardonnez moi l’expression) ou de faire semblant de s’en inquiéter. Qu’ils prennent acte de la fin annoncée de la presse libre et indépendante en Guinée et de la caporalisation autoritaire et totalitaire de ce qui en restera.

Disons le net, les conciliabules de couloirs, les rencontres hypothèques avec les grands princes du pays, les manoeuvres déloyales des uns et des autres, les propositions illusoires de sortie de crise, les pleurnicheries pitoyables ne sauveront pas la presse des volontés assassines du CNRD.
Elles seront sans effets et d’aucune utilité pour une presse libre et démocratique.

Il n’y a pas de crise de la presse guinéenne, c’est l’Etat, c’est le gouvernement, c’est le CNRD qui crée et entretient cette prétendue crise pour faire taire les voix de la diversité et de la contradiction, propre à la démocratie. La seule et unique limite de la presse et des journalistes, c’est la loi, et pas les désirs politiques et narcissique d’un gouvernement qui déteste et à horreur des critiques et de la redevabilité.

Et pourtant, il lui suffit de changer la réalité pour échapper aux critiques citoyennes et démocratiques. Oui, il lui suffit de respecter ses engagements, sa charte, ses promesses de la prise du pouvoir, pour s’épargner les regards critiques.
Personne ne pense, ni en Guinée ni ailleurs, que la presse et les journalistes sont irréprochables. Ils ne sont ni au dessus ni en dehors de la critique démocratique.
Mais, leur existence et leur fonctionnement libres et indépendants sont indispensables à la démocratie et à la liberté.

La haine de la presse, est l’autre visage de la haine de la démocratie. Par la force et l’arbitraire le CNRD peut, peut être, faire taire les médias ( et toutes les voix discordantes ), mais jamais les réalités têtues d’un pays qui va droit dans le mur.
Les peuples ne sont pas des moutons !

Voyons ensuite une autre fumisterie théâtrale, un autre symbole de la boussole déboussolée du CNRD, la Crief.
Je fais partie de ceux qui pensaient que la légitimité originelle de la crief était douteuse et démocratiquement contestable. Mais ce défaut originel pouvait être atténué par un fonctionnement honnête, efficace, loyal, sérieux et impartial de la Crief. Ce qui n’a jamais été le cas.
Enorme déception !

Des lors, l’existence de cette juridiction spéciale, pose problème, pose question. Il est profondément détestable que des gouvernants qui sont sensés protéger leurs citoyens deviennent à ce point une menace grave et continuelle pour les citoyens et citoyennes de leur pays.
Comment des dirigeants, par le biais d’une juridiction spéciale qui a tout d’un tribunal politique, d’une machine à revanche, d’un appareil d’intimidation, d’une lessiveuse pour les uns, une broyeuse pour les autres, peuvent se permettre de prendre des citoyens, les enfermer, au gré de leurs humeurs et de leurs aigreurs, en foulant aux pieds les règles les plus élémentaires du droit et de la justice ?

Comment des dirigeants peuvent être si insensibles à la douleur et à la souffrance des gens privés arbitrairement de leurs libertés, de leurs familles, de leurs proches, et que ceux ci ne puissent jamais compter sur la rigueur de la justice et l’impartialité du droit ?
Encore moins sur l’humanité et l’empathie qui font aussi la grandeur d’une politique et des dirigeants.

La situation de la Crief, son bilan, son fonctionnement, son rapport aux lois de notre pays et aux conventions internationales, interpellent aujourd’hui le barreau guinéen.
Comme la Presse, le barreau est un élément essentiel de l’architecture de l’état de droit démocratique.

Pour sauver l’honneur de notre pays, l’honneur du droit et imposer l’impératif de justice, la barreau de Guinée doit avoir une position claire sur cette juridiction spécialement spéciale qu’est la Crief.
Si cette mascarade funeste ne s’arrête pas, il doit venir le temps pour le barreau de penser à la récusation de la Crief, en refusant de la reconnaître désormais comme une juridiction légale, neutre, equitable et impartiale.

Puisque de par son fonctionnement et son dédain royal des lois nationales et internationales, des règles du jeu d’une justice indépendante et impartiale, elle s’est mise elle même en dehors de ce qui fait sa force, sa légitimité et sa crédibilité.
Bon sang de Dieu, Qu’attendre de sérieux d’une juridiction qui met des gens en prison puis se met à chercher les preuves de leur culpabilité. Et qui s’appuie sur les ramassis de rumeurs comme des preuves.

La justice c’est la preuve. Sans preuve, pas de culpabilité. Sans culpabilité impartialement établie, pas de sanctions ! Le barreau guinéen, ne peut certes pas empêcher la Crief d’exister, mais il peut décider que désormais aucun avocat inscrit au barreau guinéen ne sera plus devant cette Crief. Tant qu’elle ne sera pas sérieuse et impartiale

Puisque nos gouvernants actuels sont forts et sûrs de leur force ( bien au dessus du droit) , qu’ils nous fassent l’économie de ce spectacle de mauvais goût, de l’énergie des avocats et des prisonniers, en leur épargnant cette mascarade judiciaire.

Puisqu’ils ont décidé ainsi, grands rois qu’ils sont, faiseurs de vies et de morts qu’ils sont devenus, alors qu’ils gardent tous ces détenus politiques en prison. Qu’ils en construisent pour d’autres âmes et d’autres honneurs à souiller et à blesser.
La justice des hommes peut toujours faire défaut, mais jamais celle de la providence.

Le barreau guinéen ne peut sous prétexte d’une légalité théorique qui est le moindre des soucis de la crief et de ses concepteurs, continuer à participer à cette théâtralité judiciaire. Il doit assumer sa responsabilité d’acteur judiciaire majeur, donc de structure essentielle pour le respect des droits humains et des libertés publiques.

S’il continue à s’associer à cette comédie judiciaire, il finira par engager, contre sa propre volonté, sa responsabilité morale dans ce désastre judiciaire honteux et ridicule, aux conséquences ravageuses.
Si le barreau ne réagit pas, il revient aux avocats de ces détenus politiques, en leur âme et conscience, en accord avec leurs clients, de se retirer de ces mascarades judiciaires.

Que ces détenus, au delà de l’énorme injustice et souffrance qu’ils subissent, laissent leurs sorts entre les mains arbitraires du CNRD, la providence au contrôle.

Dans la vie de chaque nation, de chaque peuple, il vient des moments où chacun doit, se doit, de prendre et d’assumer sa responsabilité devant l’histoire et devant le peuple.

Ce temps est désormais arrivé pour la presse guinéenne et le barreau guinéen, comme d’ailleurs pour chaque guinéen et chaque guinéenne. Les plaintes et les complaintes se suffisent plus….il faut assumer, chacun doit s’assumer avec clarté, pour l’histoire.

On fait du droit avec un procès équitable et impartial. Mais quand c’est un procès politique, on fait quoi ? On fait comment ?

Quand un gouvernement est rigoureusement respectueux des lois, il peut s’interroger légitimement sur les failles humaines d’une profession telle que le journalisme. Quand il est le premier transgresseur des lois de la république, il n’a aucune leçon à donner à la presse.

Le CNRD à perdu sa boussole, sa charte et ses beaux discours, laissant ainsi le peuple de Guinée dans la désillusion et le désenchantement les plus pitoyables.

Aujourd’hui, dans tous les domaines, le recul de la dynamique démocratique, des libertés publiques et de la bonne gouvernance en Guinée est notoire et extrêmement inquiétant.
Les guinéens en ont marre !
Trop c’est trop!

Quand les principes et les valeurs sacrés sont en jeu, il n’y a pas de place pour les tergiversations, ni pour les négociations. On negocie sur les détails et pas sur l’essentiel.
A chacun de le comprendre !

En attendant il revient à chaque guinéen, à chaque entité socioprofessionnelle, à chaque structure sociopolitique, de faire son autocritique et d’en finir avec les mentalités de servilité, de cupidité, de passivité et de conformisme dans ce pays.
Il faut engager la bataille de la rupture générale et totale, à commencer par soi même…

Que cela soit entendu, nous ne laisserons jamais ce pays se defaire sans rien dire et faire. Nous ne laisserons jamais les rêves de liberté et de justice de ce peuple être confisqués, sans rien faire.
Jamais !

Khalifa Gassama Diaby
Ancien ministre des Droits de l’homme et des Libertés publiques
Ancien ministre de l’Unité Nationale et de la Citoyenneté.

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