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Economie guinéenne : bilan mitigé des 10 dernières années et les actions à poursuivre pour l’année 2022.  

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La physionomie de la Guinée, le contexte économique dans lequel vit la population, ainsi que le caractère très fragile de notre tissu social, mettent en exergue la nécessité de mener des réformes courageuses par le Gouvernement de transition. Ces reformes auront pour objectif de mettre fin à 63 années de mauvaise gouvernance et de corruption systémique afin d’extraire des millions de guinéens dans l’extrême pauvreté. Toutefois, il convient de souligner que la transition politique ne pourra en aucun cas répondre à toutes les attentes des guinéens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle sera suivie par la transition économique qui reste du ressort du Président qui sera démocratiquement élu par la suite.   

Cette analyse succincte a un triple objectif. Il s’agit tout d’abord d’apporter un certain éclairage sur l’état actuel de la situation économique, monétaire et financière de la Guinée, d’analyser l’efficacité en particulier des mesures prises au niveau budgétaires et monétaires pour l’année 2022 ainsi que de faire quelques recommandations sur les actions d’avenir.  

Cependant, malgré le potentiel de développement incommensurable en termes de détention de ressources du sol et du sous-sol, l’économie guinéenne reste profondément marquée ce jour par : 

  • Une croissance économique plus ou moins acceptable mais très mal repartie (6,2% en moyenne de 2011 à 2021 cf . Popular Indicator de la Banque mondiale) ; 
  •  Une croissance démographique de 2,5 % en moyenne annuelle (cf. Popular Indicator de la Banque mondiale) ;
  • Un excédent commercial depuis 2017 (15,1 % du PIB par an de 2017 à 2021 cf. Balance de paiement de la BCRG) ; 
  • Un dette extérieure massive (avec un encours de GNF 4 510,4 Mds en 2021 contre 1,4 Mds après avoir bénéficié d’une réduction de USD 2,1 Mds de dette multilatérale en septembre 2012 avec l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative des Pays Pauvres Très Endettés) ; 
  • Une masse monétaire en progression de 257,6% en 10 ans ; 
  • Une monnaie nationale défaillante qui a perdu sa fonction de réserve de valeur.  
  • Un secteur minier mal structuré et mal géré etc. 

Pour faire face à ces défis, il sera nécessaire d’adopter un plan de relance de l’économie nationale dont l’objectif principal s’articulera autour de la Refondation et la Révision Générale des Politiques Publiques (RRGPP). Pour atteindre un tel objectif, un changement à la fois des mentalités mais aussi du fonctionnement des institutions du pays s’impose.

De façon spécifique il s’agit de mettre fin à la mauvaise gouvernance à travers une gestion efficiente des finances publiques, la lutte contre la délinquance économique et financière structurelle ainsi que la pauvreté.  

L’essentiel des statistiques fournies dans cette analyse est le résultat du recoupement de diverses données officielles du Ministère de l’économie des finances, et du plan à travers le MSEGUI (Modèle de Simulation de l’Economie Guinéenne) de la BCRG et de la Banque mondiale (Popular Indicator)

Comment en est-on arrivé là ? 

En dépit des efforts consentis par les autorités guinéennes, les principaux indicateurs macroéconomiques se sont nettement détériorés au cours des 10 dernières années car, la croissance économique est passée de 1,9% en 2011 à 7,0% en 2020 avec une prévision de 5,5% en 2021 (cf. cadrage macroéconomique de novembre 2021) contre des réalisations respectives de 10,8% en 2016 et 10,3% en 2017. Cette contre-performance s’explique par l’impact de l’épidémie EBOLA, la baisse du prix des matières premières exportés, les manifestations orchestrées par les opposants, l’attentisme né des élections législatives de 2013 et de celles présidentielles de 2015. A ces facteurs s’ajoutent la baisse des importations surtout pour les années 2015 et 2021 ainsi que l’épidémie  qui a eu un impact considérable sur le mode de fonctionnement de l’économie nationale.  

De plus, l’effectif civil de la fonction publique tel que résultant de la fiche des paies a atteint 108 750 fonctionnaires à fin novembre 2021 (à noté que l’Etat guinéen a mis en retraite 8 000 fonctionnaires civils et militaires entre septembre et décembre 2021), contre 99 337 en décembre 2011 avec une masse salariale en augmentation de 219,5% (GNF 285,3 Mds en 2011 vs 89,3 Mds en 2011).  

Sur le marché de change, le GNF a été changé en moyenne à GNF 9 291 contre un dollar américain et GNF 10 409 contre un Euro en 2021, après respectivement GNF 6 670 contre un dollar et GNF 9 280 contre un euro soit des dépréciations nominales respectives de 39,3% et de 12,2%. Quant à la prime de change entre le marché officiel et parallèle, elle a été de -0,5% face au dollar américain et -0,4% face à l’Euro en décembre 2021 après respectivement 12,4% face au dollar américain et 10,8% face à l’Euro en 2011. Cette hausse du taux de change a entrainé l’affaissement de la valeur extérieure de la monnaie ainsi que le déficit commercial entre 2011 et 2016 (dont 13,2% du PIB par an de 2014 à 2016). Les réserves de change de la Banque Centrale s’effondrent en moyenne à moins d’un mois d’importations contre un minimum de trois (3) d’importations comme le recommande le FMI et/ou les accords de convergence dans le cadre de la création de la monnaie unique CEDEAO.   

L’inflation en glissement annuel s’établit à 12,5% en glissement annuel contre 19,0% en 2011 (en passant par des taux d’inflation de moins de 10% entre 2016 et 2019) soit un gain de 6,5 points. Cette même tendance est observée au niveau de l’inflation en moyenne annuelle qui a fléchit en passant de 21,4% à 12,6% à fin décembre 2021. Selon les sources officielles, l’inflation est tirée par les prix de la composante alimentaire, en lien avec la hausse du prix du carburant à la pompe et les difficultés d’approvisionnement des marchés en produits locaux de consommation.

Sur le plan monétaire, nous assistons à l’explosion de la masse monétaire qui a progressé de 257,6% passant de GNF 11 326 en 2011 à GNF 40 503 Mds en 2021 contre GNF 37 420,6 Mds auparavant à la même période de 2020 soit un accroissement de 8%. De plus, à fin novembre 2021, le taux de liquidité de l’économie se situait à 33,3% contre 15% dans les pays qui assurent une gestion efficace de leur économie. Le résultat de ces quelques évolutions macroéconomiques est l’aggravation de la pauvreté en Guinée. De ce fait, l’indice Général de la Pauvreté a atteint 44% en 2019 (cf. site de l’Institut National des Statistiques). Quant à la pauvreté multidimensionnelle, elle touche 66,2% de la population (soit 8,220 milliers de personnes) en particulier les femmes et les enfants (cf. Rapport sur le développement humain 2020).     

Les prévisions faites par le Gouvernement pour 2022 : 

Suivant les prévisions faites pour l’année 2022 dans le cadrage macroéconomique parut au mois de novembre 2021, les autorités guinéennes fixent un objectif de croissance de 5,7% du PIB (Produit Intérieur Brut) contre 5,5% dans la loi de finances rectificative de septembre 2021. En ce qui concerne la monnaie, les autorités monétaires visent à atteindre un taux d’inflation de 9,5% en glissement annuel et 10,1% en moyenne annuelle. S’agissant des finances publiques, le projet de loi de finance prévoit un taux de pression fiscale de 13,9% du PIB contre 13,5% en 2020 (cf. discours du Ministre du budget devant l’Assemblée Nationale). Dans la même lancée, le Gouvernement guinéen souhaiterait avoir un niveau de déficit budgétaire de 2,5% du PIB donc inférieur à 3% conformément au critère de convergence, un maintien des réserves de changes à trois (3) mois d’importations et un taux de liquidité de l’économie à 23,3%. Quant au taux de change, il sera stabilisé à GNF 9 696 le dollar et GNF 11 962 l’Euro tout en continuant naturellement à réduire la prime de change entre le marché parallèle et officiel.   

Nous ne saurons terminer cette partie sans exprimer notre reconnaissance à certains hauts cadres de ce pays qui nous ont facilité la tâche à travers la transmission des bases des données fiables. Cependant, il est à déploré que nous n’ayons pas obtenu un retour sur la prévision de l’inflation malgré notre insistance afin de nous permettre de vérifier que les données du cadrage du mois de novembre n’ont pas été révisé à la hausse ou à la baisse. 

Que faire de plus pour s’assurer de l’efficacité des mesures prises par le Gouvernement de transition pour l’année 2022 ?  

A notre humble avis, les autorités doivent reconsidérer certaines prévisions qui sont déjà validées et diffusées même si c’est à mi-parcours, en ce sens que l’économie guinéenne est non seulement sensible aux chocs exogènes (absence de bouclier antichocs) mais aussi, elle est championne des variations erratiques et inexplicables du niveau des indicateurs macroéconomiques quoi que l’on nous dira que ce travail est effectué par des spécialistes du domaine.   

Pour nous, cette révision doit concerner surtout les projections faites sur le taux de croissance économique, le taux de change et le taux d’inflation pour ne citer que ces 3 indicateurs macroéconomiques. Il s’agit de ramener le taux de croissance économique, en prenant en compte les nombreuses incertitudes liées à la fois aux contextes national et international à 3%.  

S’agissant du cas particulier du taux de change, le principal conseil que nous prodiguons au Gouvernement de transition se situe à deux niveaux. En première position, il s’agit de chercher à consolider à moyen et long terme notre excédent commercial tiré essentiellement par les mines même si nous savons qu’il s’explique en grande partie également par la baisse des importations suite à la MALADIE.  

En seconde position, il faudra résoudre le déficit de la production du secteur non minier afin de répondre aux besoins de la population qui dépend des importations de biens et services. A cela, s’ajoutent l’absence de politiques de régulation des prix et d’une économie faiblement bancarisée (moins de 10% de la population détient un compte bancaire suivant les données statistiques que nous avons reçu des autorités compétentes) même si l’on soutient côté Banque Centrale que ce taux tournerait autour de 15%. 

Enfin, concernant l’inflation, il serait prudent au regard de la situation actuelle qui prévaut, le niveau de la masse monétaire (à titre de rappel, la masse monétaire a doublé entre 2009 et 2010 après la prise du pouvoir par le CNDD passant d’un peu plus de GNF 5 000 Mds à GNF 10 636 Mds) ainsi que la progression de la base monétaire, de se fixer un niveau raisonnable de 13% pour 2022 contre un objectif initial de 9,5% (cf. cadrage macroéconomique du mois de novembre 2021).  

Pour parvenir à hisser ce pays très haut, il est indispensable de mettre en avant la cohérence à l’action Gouvernementale. Cela passe par la séparation des mesures conjoncturelles dont l’objectif est la stabilisation macroéconomique, monétaire et financière, des mesures structurelles (ne relevant point d’un Gouvernement de transition politique) dont l’objectif sera la promotion durable de la croissance économique et la réduction de la pauvreté. 

Les mesures suivantes peuvent renfoncer l’efficacité des choix faits par les autorités du pays en 2022 :

Nous pensons comme tout autre guinéen soucieux de l’avenir de notre pays que pour que l’ensemble des annonces faites par le Président du CNRD à fin décembre 2021 aient une chance d’aboutir les mesures ci-dessous s’imposent : 

    • Intensifier le combat contre la dilapidation des ressources financières et la corruption par une sécurisation accrue des régies financières conformément aux réformes menées par le dernier ministre du budget ; 
    • Faire des économies en poursuivant l’assainissement du fichier de la fonction publique en toute légalité ; 
    • Poursuivre la sécurisation des réserves de change de la nation afin de permettre au pays de faire face à ces importations sur une longue période ; 
    • Mettre fin à la pratique consistant de la part de certains particuliers et de certaines entreprises privées, à fixer leurs prix en devises qui n’ont pas cours légal dans le pays. Cela permettra de défendre le taux de change de la monnaie nationale en diminuant son offre sur le marché de change ; 
  • Enfin, d’autres réformes doivent être menées par le Gouvernement de transition comme annoncée. Il s’agit entre autres des réformes de la Justice, des Forces de Défense et de Sécurité, de la coopération technique et internationale, de la coopération Régionale et Sous-régionale, etc. Toutefois, l’économie n’étant pas une science exacte, une réforme techniquement bien conçue peut aboutir à l’échec si le contexte général de son application n’est pas propice, tout comme une mauvaise réforme peut réussir dans un contexte général favorable. La réussite de ce vaste chantier n’est possible que dans l’Unité Nationale. La Guinée étant Une et Indivisible, la consolidation de l’Unité Nationale est indispensable au progrès économique et social (Dr Badara Dioubaté, 2011).  
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Safayiou DIALLO

Economiste.  

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Que chacun balaie devant sa porte. Par Souleymane Souza KONATÉ

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« Tout ce qui est fait pour moi sans moi est contre moi », disaient à la fois Gandhi et Nelson Mandela, deux figures qu’on ne saurait accuser d’avoir prôné la violence ou l’intransigeance. Cette phrase rappelle une évidence : l’adhésion à un projet ne se décrète pas et ne s’impose pas par la force.

L’UFDG et les Forces vives ont toujours plaidé pour une transition fondée sur le dialogue et la concertation, afin de conduire un processus inclusif, porteur de confiance et de compréhension mutuelle. Mais cet appel est resté sans réponse. Les autorités ont ignoré la main tendue et se sont repliées sur elles-mêmes. Cette attitude de fermeture et de rejet rappelle la célèbre formule de Nietzsche : « Moi, l’État, je suis le peuple. »

S’il existe aujourd’hui des tensions, des incompréhensions et une impasse, que certains chroniqueurs font mine de regretter, la responsabilité n’incombe ni à la classe politique dans son ensemble, ni à la société civile, toutes deux exclues sans ménagement du processus de transition.

Comme toujours, lorsque la situation devient critique, beaucoup choisissent de dédouaner les dirigeants. On préfère accabler leurs opposants et critiquer ceux qui les interpellent, plutôt que de reconnaître les erreurs et maladresses du pouvoir, qui mettent en péril la paix sociale et empêchent un débat serein et une coexistence politique apaisée.

A-t-on seulement posé la bonne question : comment est-on passé d’une transition accueillie avec enthousiasme à une rupture entre les acteurs politiques et un désaveu général des autorités de la transition ?

Le coup d’État du 5 septembre 2021 se réclamait d’un objectif noble et d’une promesse de changement. Aujourd’hui, peut-on encore croire et espérer ? Ou sommes-nous tous envahis par le doute et la déception ?

S’il y a désaccord ou conflit, ce n’est pas parce que certains s’opposent à d’autres par ambition personnelle ou esprit de confrontation. La vraie cause de la division réside dans la volonté de la majorité silencieuse de protéger la transition contre les dérives et les aventures hasardeuses, face à une minorité tentée par des chemins interdits.

Les leaders politiques et les acteurs de la société civile n’ont jamais cherché à répondre à la violence par la violence. Leur attitude, parfois perçue comme une faiblesse, montre une retenue admirable. À force de subir sans réagir, on a même l’impression que, lorsqu’ils reçoivent une gifle sur la joue gauche, ils tendent la droite. Cette posture de non-violence et de responsabilité morale est mal comprise par ceux qui, pourtant révoltés, refusent heureusement de basculer dans l’irréparable.

Jusqu’à preuve du contraire, les forces démocratiques et républicaines n’ont jamais mis en péril l’unité nationale. Les Forces vives n’ont enlevé, séquestré, ni fait disparaître ou tué aucun citoyen, aucun leader d’opinion, aucune figure du pays. Elles subissent bien plus qu’elles ne répliquent. Il faut le dire clairement : les Forces vives ne sont ni violentes ni incendiaires.

La vérité, que certains cherchent à dissimuler en accusant à tort une partie des Guinéens restée fidèle aux principes démocratiques et à l’État de droit, saute aux yeux. Ceux qui dirigent le pays, selon qu’ils respecteront leurs engagements et répondront aux attentes du peuple, ou qu’ils tenteront d’imposer un destin présidentiel par la force, seront ceux qui feront notre bonheur collectif… ou causeront notre malheur à tous.

Souleymane Souza KONATÉ,

Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG,

Président de la Commission Communication de l’ANAD.

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Plaidoyer pour un “Erasmus africain” et bâtir l’avenir de l’enseignement supérieur et de l’innovation

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Dans un monde où la connaissance est la première richesse, l’Afrique ne peut plus se permettre de rester à la marge de la grande révolution de l’éducation, de la recherche et de l’innovation. Si le continent veut transformer ses immenses potentialités en réalités concrètes, il doit impérativement investir dans l’intelligence de sa jeunesse. Or, cela passe avant tout par le développement d’un enseignement supérieur de qualité et la mise en place de véritables ponts entre ses universités.

Il est temps de concevoir un programme d’échange universitaire africain ambitieux, que l’on pourrait appeler Afrasmus, inspiré du modèle Erasmus en Europe. Un Afrasmus permettrait à des milliers d’étudiants, de chercheurs et de professeurs de circuler librement entre les universités du continent, de croiser leurs expériences, de confronter leurs idées, de mutualiser leurs savoirs. C’est en créant ce réseau vivant et dynamique que l’Afrique formera une génération capable d’innover, de trouver des solutions adaptées à ses défis et de s’imposer comme un acteur scientifique à l’échelle mondiale.

Aujourd’hui, le CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) constitue l’une des principales instances de coopération universitaire francophone en Afrique. Depuis plus de 50 ans, le CAMES œuvre pour l’harmonisation des diplômes, la reconnaissance des titres universitaires et l’assurance qualité de l’enseignement supérieur. Cependant, malgré ses avancées notables, le CAMES montre aussi ses limites : absence de véritable mécanisme de mobilité étudiante à grande échelle, manque de financement pour soutenir les échanges interuniversitaires, lenteur administrative dans la validation des programmes et difficulté à s’adapter aux besoins spécifiques des filières innovantes.

Pour combler ces lacunes, l’Afrique doit aller plus loin et transformer Afrasmus en un levier d’intégration et de spécialisation régionale. L’idée est simple : encourager chaque pays à développer des centres de compétence thématiques, attractifs pour toute la jeunesse africaine. La Guinée, forte de ses ressources minières, pourrait devenir un centre d’excellence minier et former des ingénieurs capables de transformer localement ses richesses naturelles. Le Bénin pourrait consolider sa position dans l’agriculture durable et la transformation agroalimentaire, en partageant son savoir-faire avec ses voisins. Le Kenya, déjà dynamique dans le numérique, pourrait accueillir les talents africains pour renforcer les compétences en technologies de l’information et en innovation digitale. Le Sénégal, reconnu pour la qualité de certaines de ses institutions médicales, pourrait devenir un hub pour la santé publique et la recherche biomédicale en Afrique de l’Ouest.

Il ne s’agit pas seulement de diplômer plus d’étudiants, mais de les former mieux, de les préparer à collaborer au-delà des frontières, de les encourager à entreprendre, à innover et à créer de la valeur sur place. C’est là qu’intervient la nécessité d’une volonté politique claire : sans vision de long terme, sans investissements massifs et sans mécanismes de gouvernance efficaces, l’Afrique continuera à exporter ses talents et à importer des solutions inadaptées.

L’Union Africaine, les gouvernements nationaux, les universités elles-mêmes et les partenaires financiers doivent se mobiliser pour faire d’Afrasmus un symbole de l’intégration africaine par le savoir. Afrasmus ne serait pas qu’un simple programme d’échanges : il incarnerait l’ambition d’un continent de bâtir son avenir par la connaissance, la coopération et l’innovation collective.

Souleymane Kourouma

Enseignant de grandes écoles

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Éventuelle crise de liquidité de la BCRG et ses conséquences macroéconomiques

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Selon certaines informations qui circulent sur la toile et dans certains milieux économiques, il y aurait une crise de liquidité qui affecte la BCRG. Étant donné l’intérêt que revêt un tel sujet, il n’est pas superflu de rappeler en quelques mots les conséquences d’une telle situation. Dans la foulée, un collègue a campé le sujet.

A titre de rappel, une crise de liquidité n’est pas favorable pour une économie. Elle peut entraver le bon déroulement de l’activité économique, affecter la rentabilité des entreprises, décourager les investisseurs etc. Bref, elle peut entraîner une crise financière si elle n’est pas gérée rapidement avec tact et pédagogie.

Si cette crise se confirme, elle viendrait, avec son cortège de malheur, aggraver une crise de confiance déjà existante entre une certaine catégorie de clients et les banques de la place. Crise qui trouve son explication essentiellement sur la méconnaissance du mode de fonctionnement des banques mais aussi en grande partie à la déficience du régulateur.

C’est pourquoi il serait indispensable de juguler rapidement cette éventuelle crise de liquidité au risque de s’exposer à des conséquences désastreuses qui pourraient entraîner une panique psychose au niveau des agents économiques ayant des comptes en banque. La BCRG devrait communiquer sur ce sujet- si ce n’est pas encore fait – pour apaiser les acteurs afin d’éviter la spéculation et ses corolaires.

Par ailleurs, il convient de rappeler que lorsque la liquidité de la Banque Centrale est affectée, cela se transmet naturellement par l’effet de contagion dans tout le système bancaire. A rappeler que la liquidité d’une banque renferme ses disponibilités en monnaie centrale, le montant de son compte courant créditeur à la banque centrale, les billets en caisse ainsi que le montant de ses comptes courants créditeurs dans d’autres banques dont elle peut toujours exiger la contrepartie en monnaie centrale.

Cependant, lorsqu’il y a un manque de liquidité dans les banques primaires, la Banque Centrale injecte dans le circuit la monnaie centrale en fonction du besoin de l’économie par le biais de la politique monétaire expansionniste. Mais, en le faisant, elle doit toujours avoir à l’esprit de préserver la bonne santé de l’économie, en évitant les effets inflationnistes.

Étant donné ici que le problème ne se situerait pas pour l’instant au niveau des banques primaires mais plutôt au sein de la BCRG (quoi que certaines petites banques de la place ne peuvent jamais payer les chèques émis avec des gros montants et cela depuis des lustres), le problème pourrait être résolu facilement. Surtout que l’on a tendance à émettre habituellement des billets de banque sans que cela ne corresponde à l’évolution des fondamentaux. Cela dit, il ne faut jamais encourager la planche à billet.

Bref, la politique monétaire de la BCRG devrait permettre de répondre efficacement aux besoins des agents économiques afin de leur permettre de réaliser les échanges qu’ils souhaitent, et participer ainsi à la croissance économique. Cela ne veut pas dire aussi qu’il faut noyer l’économie nationale sous un flot inconsidéré de monnaie, déconnecté de ses capacités productives. Mais, la meilleure politique monétaire du monde ne saurait réussir sans l’autonomie de la Banque Centrale face vis-à-vis de l’exécutif. Il est certes conseillé de financer son économie à travers l’épargne nationale mais cela s’applique à des pays à revenu élevé, disposent d’une épargne digne de ce nom.

Dans un pays comme la Guinée où le revenu est alloué à la consommation, le financement des grands projets (cas des Infrastructures économique et sociale par exemple) se fait en partie à travers les fonds oisifs des banques à la BCRG cf. Multiples émissions d’Obligations du Trésor au cours de ces dernières années. Ce qui pose parfois problème car, si les banques primaires savent qu’elles ne parviendront pas à décaisser les montants dont elles ont besoin, elles risquent de ne plus en déposer faute de confiance. En ce moment, la régulation du système risque d’être très compliquée.

Safayiou DIALLO (Economiste)

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