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Récit d’un voyage à Conakry (Par Abdoul Karim Diallo)

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[Attention: texte un peu long]

20h20, atterrissage à l’Aéroport International de Conakry, de loin à l’approche, on est vite attiré par les cours d’eau qui longent la piste d’atterrissage, mais aussi par des petites maisons en forme de cube, ce sont les petites maisons qui forment le quartier populaire de Gbessia près duquel est situé l’aéroport.
À la descente d’avion, une chose nous interpelle vite, le nombre d’agent de sécurité, militaires et policiers postés là. ‘’De façon officielle’’, c’est pour maintenir les mesures de distanciation sociale. Une vingtaine d’agents pour à peine une centaine de voyageurs. Occupé à chercher mon passeport pour passer le poste de police, un agent sur un ton martial nous martèle : eh vous là-bas restez dans le rang! Je regarde derrière moi, c’est à une vielle dame qui a l’air fatigué qu’on s’adresse. En effet on se dit bienvenue en Guinée. Cela faisait longtemps mais tu t’y habitueras vite! De toute évidence, j’ai tout intérêt à faire profil bas parce que je n’ai besoin d’aucune embrouille.
Quand on sort de l’aéroport de Conakry on est un peu perdu, effaré, même si (ce qui est dans mon cas), nous sommes nés ici et avons grandi ici. On est instantanément accueilli par cette odeur fortement désagréable et acre de dioxyde de carbone. Un mélange de fuite d’essence, de fumé d’échappement, mais aussi de ce nuage de poussière qui se perçoit même en ce début de soirée de ce mois de février. S’ajoute à cela les odeurs provenant l’accumulation sauvage des déchets dans les caniveaux le long de la voirie.
Le masque sert bien à autre chose ici qu’à lutter contre la Maladie.
J’avais entendu que les services de nettoyages de la ville faisaient des progrès, je n’en ai rien vu de tel!
Un monsieur qui m’accompagnais ou qui me suivais sans ma demande jusqu’à la sortie du hall d’arrivé me réclame acharnement et d’une manière éhontée le prix de l’eau, ” yé saré”, formule de corruption pour ceux qui ne sont pas initiés! Je viens de me rappeler j’avais oublié.
Un désordre hallucinant se trimballe sous nos yeux, c’est à peine si on se sent pas de suite agressé par les taxis et autres propositions Cela ne tiens qu’à notre interprétation du mot agression, perso je le sentais. Qu’à cela ne tienne, j’ai dans mon cas eu la chance de retrouver rapidement mon cousin venus me chercher. Notre trajet fut ponctué par une conversation sur l’actualité du pays.

De temps en temps, à intervalle presque régulier on est rappelé à la réalité par les nids de poule qui se répande tout au long de la route. «L’autoroute» tenez-vous bien! Sur tous les ronds-points presque, et sur pas mal d’autres endroits de la plus grande route de la capitale! «lawongol modja» je fais remarquer à mon cousin « la wol alla koto» me réplique t-il.

J’ai eu à travers ce chemin de retour à la maison poser le premier regard sur l’état du pays. Le premier constat est alarmant à l’image d’une partie de cette route. La dégradation des infrastructures est ahurissante, l’anarchie est visible partout, elle est totale. L’absence d’ordre est flagrante et le service de maintien d’ordre routières inefficace et inopérant. La corruption est, on le perçoit vite le maître mot.
– J’ai pu percevoir d’un simple coup d’œil la détresse des gens, la colère normale des usagers, la démission de l’état, des scènes et pratiques d’une autre époque ou des policiers tapis à l’ombre aux aguets et à l’affût du moindre couac pour venir réclamer à cors et à cris des papiers à des citoyens usagers. Un moyen de les extorquer des sous et les renvoyer Manu militari finir les discussions entre les 2 parties.
– J’ai pu percevoir le mépris de certaines personnes qui montrent des signes d’aisance matérielle face à des pauvres gens. La violence verbale face à ceux qui sont là pour se démerder afin de survivre et de s’assurer son pain quotidien.
– Le manque d’éducation d’une franchise de la population est vite apercevable.
J’ai vu pour ne pas faire suivre une litanie de mauvais constat, le résultat des 10 années de gouvernance du régime actuel.
Qu’est ce qui a changé me demandais-je?!
Je connais bien cet aéroport, ou du moins la route qui y mène. Quand je faisais mes études à l’Université Kofi Annan de Guinée en 2008, j’y venais presque chaque soir avec mon cousin pour faire des recherches sur internet dans le bureau de mon tuteur. Il était un des directeurs à l’aéroport. Nous étions dans les débuts de l’informatique à grande échelle en Guinée, et on avait cette chance d’aller passer la nuit dans son bureau pour faire des recherches sur internet.
Qu’est ce qui a changé ? je me souviens qu’à l’époque, les panneaux solaires sur l’autoroute étaient lumineux, pour la plus part en tout cas! Qu’a-t-on fais de l’entretien? Quid de la pérennisation?
Je me souviens que le décor au sortir de l’aéroport ressemblaient un tant soit peu à quelque chose une petite ville moyenne avec un visage, mais qui était loin de cette cacophonie, de cette laideur, et de ce tohu-bohu que je constate ce soir.
Le décor ce soir, Un mélange de constructions on dirait pour certaines des riches demeures californiennes, pour d’autres des maisons asiatiques et pour d’autres des architectures à la française, sauf que pour tout ça, ce n’est aucunement ça ! On aurait dit une énorme contrefaçon à ciel ouvert tape à l’œil, je passe… il n’y a jamais eu de service qualité et contrôle dans le pays, pas de plan d’urbanisation, on a l’air de penser, les dégâts futurs sur l’urbanisme ça n’existera p-è pas crois-t-on ici, où je ne sais pas, je ne suis pas au courant de ce qu’ils pensent.

Le lendemain j’empruntais la route le prince pour aller saluer ma belle-famille vers Hamdallaye, cette route qui, j’étais heureux autrefois d’emprunter et d’arpenter quand je partais étudiant faire mes quelques courses du quartier Cosa vers la ville, ne ressemble plus à pas grand-chose aujourd’hui! J’ai eu le dur vécu de passer entre la cimenterie et et Hamdallaye un plus de 2 heures de bouchons, un peu plus de 9km de tronçon! Aujourd’hui encore ça va un peu s’écrie le chauffeur de la famille. Il n’y a pas de délégation ou de visiteur venant de l’étranger! Pour tout dire l’état des routes ressemblent vraiment à des restes de scènes de guerres, tout est en lambeau, le tohu-bohu et capharnaüm qui s’entre mêle dis à peine son nom. La salve de destruction des maisons et édifices privés rajoute son lot de misère à la scène.

Dans les ronds-points il y a 2 réactions possibles, soit on est zen à l’extrême, et d’ailleurs plus qu’un bouddhiste mahayana donc on en rit, ou on sourit, ou on est trop attentif et alarmiste comme j’ai tendance à l’être et on est stupéfait 😧 et voir même un peu peur. J’ai eu peur pour tout avouer. L’état du pays face au reste du monde fait peur à tout consciencieux.

Qu’a-t-on fais depuis 10 ans, je me pose comme question. J’ai aperçu de loin sur mon chemin de retour le fameux Sheraton, les 2 tours jumelles et j’ai vu lors de mon passage en ville, l’hôtel Kaloum, puisque j’ai résidé quelque nuits à la Riviera royale qu’on ne me décris plus donc. Est-ce à cela que se résume 10 années d’investissements. J’avoue je ne comprenais pas trop, tant j’aurais souhaité voir ce changement dont on parle souvent à ceux qui sont à l’extérieur du pays.
Pour l’instant j’attends. En mon for intérieur j’aurai tellement aimé voir plus! Hélas!
La dégradation du bâtiment abritant l’assemblée nationale n’a d’égale que l’insolence des voitures 4*4 qui stationnent devant.
Vers le palais du peuple, un des soirs de la ville, vite dans ma tête des interrogations me saisissent, un calcul approximatif :
– Que fais-t-on des 70 millions de tonnes de bauxites par an soit 5milliards 250 millions si la tonne est à 15$, pour ces 5 dernières année ! Qu’en a fait l’état guinéen?

– Qu’a-t-on fais des 700M$, de Rio Tinto ?

– Que feront-ils des 148 millions de prêt du FMI au compte du PPTE recent ?
Qu’advient des 14 milliard de dollars de SMB Wining ?
Que fais l’état guinéen des 20 milliard de $ de prêt de cadre de la chine ?
Que fait-il des millions de dollars des recettes portuaires et douaniers?
Qu’on-t-il fait de ?
Qu’on-t-il fait de … ?
Et que sais-je encore!
Autant d’interrogation dans ma tête!
– Il est évident que les dirigeants actuels doivent des comptes à ce peuple!
– Il est évident que les dirigeants actuels pour le plus grand nombre si peu sensés soient ils doivent éternellement baissés leur regards face à leurs fils et filles biologiques.
– Il n’y a aucun orgueil à dire je suis fils d’anciens ministre de ce régime! A quelques petites exceptions près. C’est une Absolue honte.
– Il est évident que les dirigeants actuels de ce pays n’ont aucune honte sinon finiraient par poser purement et simplement leur démission. Tant l’échec est retentissant.
– Il est évident que ce peuple s’est battu, mais qu’il est à présent à tout bout de champs définitivement résigné, je dis cela je ne vis pas là-bas !
Mais je suis sûr que ce que j’ai vu n’a aucun sens pour toute personne qui verrait de façon normale.

J’ai presque en une semaine subi de traumatisme à chaque mètre carré foulé par ce que je vois et vis que j’en ai plus subi ces dernières années. La corruption, un exemple: Pour recevoir un certificat attestant de positivité suite à un test de la maladie, il faut faire intervenir un « sabou» connaissance ou personne sensée faciliter une affaire, jusque-là pour dire! Et cela est normale ici. Et souvent ce dernier reçoit une contrepartie de son service.
Pour moi, J’ai terminé mon séjour par me reposer à l’intérieur du pays. Une anecdote drôle dont je ris à ris à mon retour, ce que j’ai dû me résoudre à oublier, mes merci, bonne journée, au revoir, auxquels je suis pourtant très familier et attaché.

Un chemin long me mena à l’intérieur du pays. 6h pour 112 km de piste et son lot de calvaire. Un champ pour ne pas dire une route qui s’apparente plus à un décor martien renvoyés par des rover d’exploration qu’une route nationale, aujourd’hui, en 2021. Bref je quittai Conakry à midi pour arriver vers 18h et demie à Kindia! On peut aisément imaginer! Au moins une fois arrivée un paysage magnifique et un décore idyllique m’y attendais de quoi et besoin y était de retrouver un peu de calme et sérénité.
Ce séjour, je ne suis pas prêt à l’oublier de sitôt.

Abdoul Karim Diallo

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Éventuelle crise de liquidité de la BCRG et ses conséquences macroéconomiques

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Selon certaines informations qui circulent sur la toile et dans certains milieux économiques, il y aurait une crise de liquidité qui affecte la BCRG. Étant donné l’intérêt que revêt un tel sujet, il n’est pas superflu de rappeler en quelques mots les conséquences d’une telle situation. Dans la foulée, un collègue a campé le sujet.

A titre de rappel, une crise de liquidité n’est pas favorable pour une économie. Elle peut entraver le bon déroulement de l’activité économique, affecter la rentabilité des entreprises, décourager les investisseurs etc. Bref, elle peut entraîner une crise financière si elle n’est pas gérée rapidement avec tact et pédagogie.

Si cette crise se confirme, elle viendrait, avec son cortège de malheur, aggraver une crise de confiance déjà existante entre une certaine catégorie de clients et les banques de la place. Crise qui trouve son explication essentiellement sur la méconnaissance du mode de fonctionnement des banques mais aussi en grande partie à la déficience du régulateur.

C’est pourquoi il serait indispensable de juguler rapidement cette éventuelle crise de liquidité au risque de s’exposer à des conséquences désastreuses qui pourraient entraîner une panique psychose au niveau des agents économiques ayant des comptes en banque. La BCRG devrait communiquer sur ce sujet- si ce n’est pas encore fait – pour apaiser les acteurs afin d’éviter la spéculation et ses corolaires.

Par ailleurs, il convient de rappeler que lorsque la liquidité de la Banque Centrale est affectée, cela se transmet naturellement par l’effet de contagion dans tout le système bancaire. A rappeler que la liquidité d’une banque renferme ses disponibilités en monnaie centrale, le montant de son compte courant créditeur à la banque centrale, les billets en caisse ainsi que le montant de ses comptes courants créditeurs dans d’autres banques dont elle peut toujours exiger la contrepartie en monnaie centrale.

Cependant, lorsqu’il y a un manque de liquidité dans les banques primaires, la Banque Centrale injecte dans le circuit la monnaie centrale en fonction du besoin de l’économie par le biais de la politique monétaire expansionniste. Mais, en le faisant, elle doit toujours avoir à l’esprit de préserver la bonne santé de l’économie, en évitant les effets inflationnistes.

Étant donné ici que le problème ne se situerait pas pour l’instant au niveau des banques primaires mais plutôt au sein de la BCRG (quoi que certaines petites banques de la place ne peuvent jamais payer les chèques émis avec des gros montants et cela depuis des lustres), le problème pourrait être résolu facilement. Surtout que l’on a tendance à émettre habituellement des billets de banque sans que cela ne corresponde à l’évolution des fondamentaux. Cela dit, il ne faut jamais encourager la planche à billet.

Bref, la politique monétaire de la BCRG devrait permettre de répondre efficacement aux besoins des agents économiques afin de leur permettre de réaliser les échanges qu’ils souhaitent, et participer ainsi à la croissance économique. Cela ne veut pas dire aussi qu’il faut noyer l’économie nationale sous un flot inconsidéré de monnaie, déconnecté de ses capacités productives. Mais, la meilleure politique monétaire du monde ne saurait réussir sans l’autonomie de la Banque Centrale face vis-à-vis de l’exécutif. Il est certes conseillé de financer son économie à travers l’épargne nationale mais cela s’applique à des pays à revenu élevé, disposent d’une épargne digne de ce nom.

Dans un pays comme la Guinée où le revenu est alloué à la consommation, le financement des grands projets (cas des Infrastructures économique et sociale par exemple) se fait en partie à travers les fonds oisifs des banques à la BCRG cf. Multiples émissions d’Obligations du Trésor au cours de ces dernières années. Ce qui pose parfois problème car, si les banques primaires savent qu’elles ne parviendront pas à décaisser les montants dont elles ont besoin, elles risquent de ne plus en déposer faute de confiance. En ce moment, la régulation du système risque d’être très compliquée.

Safayiou DIALLO (Economiste)

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Les véritables obstacles au développement de la Guinée (…) sont ceux-là qui ne veulent pas la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives.

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Les véritables obstacles au développement de la Guinée dans la cohésion sociale et la stabilité politique, sont ceux-là qui ne veulent pas la tenue d’élections libres, transparentes et inclusives.

Leur argument de manipulation consiste à dire que les politiques ont échoué. Si tel est le cas, les électeurs sont mieux placés pour l’exprimer librement avec leur bulletin au lieu de prétendre réfléchir à leur place.

Au nom de quoi peut-on faire croire que la possibilité de choisir, à travers le vote libre, est un problème ? Seuls ceux qui n’ont pas intérêt dans la transparence raisonnent ainsi. Évidemment leur position non avouée n’est rien d’autre que l’égoïsme et l’envie de garder les privilèges du pouvoir sans en avoir le droit et la légitimité.

Que faut-il faire pour y remédier définitivement ?

  • Créer un système indépendant et certifié qui garantit la transparence des scrutins électoraux.
  • Procéder à un recensement électoral de tous les guinéens en âge de voter. Cela partout où ils sont, au nom du droit naturel de chaque citoyen à participer à la prise de décisions publiques et au choix des dirigeants.
  • Réformer l’appareil judiciaire en y mettant des magistrats courageux, intègres et compétents pour dire le droit en toutes circonstances; quelles que soient la nature et l’origine des pressions.
  • S’assurer que les forces de défense et de sécurité respectent le choix électoral majoritaire pour déclarer leur loyauté au peuple à travers ses dirigeants correctement élus.

En fait, l’expérience de nos crises politico-sociales des 20 dernières années et l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur les mentalités, ont démontré que désormais un dirigeant ne peut ni s’imposer ni être imposé aux Guinéens.

Ils peuvent vouloir garder le pouvoir par la violence, le lobying, la manipulation et la corruption. Mais ils n’auront ni la tranquillité d’esprit, ni la paix du cœur encore moins les honneurs. Et la finalité sera toujours la même.

Les guinéens conscients et ambitieux ont raison de refuser que des personnes non élues ou mal élues les gouvernent. Donc c’est leur droit le plus absolu de vouloir et se battre pour l’excellence et la représentativité.

Aliou BAH
Président du MoDeL

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« La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi. »

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En annonçant publiquement le glissement du calendrier de la transition au de-là de décembre 2024, le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui a malheureusement choisi de jouer le rôle de porte-parole des décisions prises à son insu, a juste confirmé que le CNRD n’est pas fiable.

Ceci étant, un citoyen réfléchi et ambitieux doit-il se sentir obligé de se soumettre à une autorité qui ne respecte pas ses engagements ? Pourquoi accorder plus de temps à des personnes dont la mauvaise foi est si flagrante ?

Le CNRD s’est imposé par la force pour prendre le pouvoir. Il a élaboré unilatéralement la charte, le chronogramme et le délai de la transition. Rien de tous ces actes n’est le choix du peuple de Guinée. La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi.

Dommage que l’histoire politique de notre pays ne soit qu’une éternelle répétition. Il semble donc inévitable que cette fois-ci encore les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Aliou BAH, Président du MoDeL

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