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« La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi. »

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En annonçant publiquement le glissement du calendrier de la transition au de-là de décembre 2024, le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui a malheureusement choisi de jouer le rôle de porte-parole des décisions prises à son insu, a juste confirmé que le CNRD n’est pas fiable.

Ceci étant, un citoyen réfléchi et ambitieux doit-il se sentir obligé de se soumettre à une autorité qui ne respecte pas ses engagements ? Pourquoi accorder plus de temps à des personnes dont la mauvaise foi est si flagrante ?

Le CNRD s’est imposé par la force pour prendre le pouvoir. Il a élaboré unilatéralement la charte, le chronogramme et le délai de la transition. Rien de tous ces actes n’est le choix du peuple de Guinée. La seule source de légitimité de la junte militaire étant son engagement solennel, si elle décide de se renier, libre aux guinéens de la renier aussi.

Dommage que l’histoire politique de notre pays ne soit qu’une éternelle répétition. Il semble donc inévitable que cette fois-ci encore les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Aliou BAH, Président du MoDeL

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Pourquoi la vraie opposition doit participer à la présidentielle

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En Guinée, le désenchantement politique est devenu presque une norme. Entre répression, divisions internes et perte de repères, l’opposition démocratique semble condamnée à l’impuissance. Pourtant, dans ce contexte d’étouffement, la participation à la prochaine élection présidentielle pourrait redevenir un acte de résistance, une manière de raviver l’espoir d’un peuple fatigué mais pas vaincu.

En tant que démocrate convaincu, je me retrouve face à un dilemme : rester fidèle à mes principes de cohérence politique ou soutenir toute initiative susceptible de redonner espoir à un peuple meurtri. Car un peuple qui perd l’espoir cesse de vivre politiquement et se contente de survivre.

Décidément, la Guinée est le pays de tous les paradoxes, où aucune règle politique ni philosophique ne semble s’appliquer avec convenance. Nos dirigeants, dit-on souvent dans nos religions, sont à l’image des dirigés. Et pourtant, nos religieux eux-mêmes, dans leur grande majorité, reflètent parfois les travers du pouvoir : ils utilisent la foi comme un outil de soumission, maintenant le peuple dans une servitude morale semblable à celle qu’a connue l’Occident avant son émancipation.

Aujourd’hui, la démocratie et l’État de droit ont disparu de notre paysage. Ils ont laissé place à un régime de peur et de répression qui terrorise les citoyens, muselle les voix critiques et pousse les plus courageux à l’exil. Les partis d’opposition ont été affaiblis par le débauchage de leurs cadres, les emprisonnements arbitraires, la corruption et un acharnement constant contre les plus constants et les plus sincères.

Lors d’une conférence à la Sorbonne ce 11 octobre, le président de l’UFDG regrettait d’ailleurs le manque criant de solidarité internationale face à la dérive autoritaire et aux violations des droits humains en Guinée. Mais au-delà des condamnations, la question essentielle reste entière : comment redonner espoir à une jeunesse désabusée, convaincue que les politiciens sont tous à l’abri pendant qu’elle se bat seule pour survivre ?

Même si les grandes figures de la scène politique sont aujourd’hui mises hors-jeu et que leurs partis ont été suspendus, il subsiste encore des formations membres des Forces Vives autorisées à exister, à l’image du MODEL d’Aliou Bah – lui-même injustement détenu – et de bien d’autres. Ces partis représentent des poches de résistance démocratique qu’il faut renforcer plutôt qu’abandonner. Le choix de la personne qui devrait porter la responsabilité de représenter l’opposition à cette élection doit obéir à des critères clairs :

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Que chacun balaie devant sa porte. Par Souleymane Souza KONATÉ

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« Tout ce qui est fait pour moi sans moi est contre moi », disaient à la fois Gandhi et Nelson Mandela, deux figures qu’on ne saurait accuser d’avoir prôné la violence ou l’intransigeance. Cette phrase rappelle une évidence : l’adhésion à un projet ne se décrète pas et ne s’impose pas par la force.

L’UFDG et les Forces vives ont toujours plaidé pour une transition fondée sur le dialogue et la concertation, afin de conduire un processus inclusif, porteur de confiance et de compréhension mutuelle. Mais cet appel est resté sans réponse. Les autorités ont ignoré la main tendue et se sont repliées sur elles-mêmes. Cette attitude de fermeture et de rejet rappelle la célèbre formule de Nietzsche : « Moi, l’État, je suis le peuple. »

S’il existe aujourd’hui des tensions, des incompréhensions et une impasse, que certains chroniqueurs font mine de regretter, la responsabilité n’incombe ni à la classe politique dans son ensemble, ni à la société civile, toutes deux exclues sans ménagement du processus de transition.

Comme toujours, lorsque la situation devient critique, beaucoup choisissent de dédouaner les dirigeants. On préfère accabler leurs opposants et critiquer ceux qui les interpellent, plutôt que de reconnaître les erreurs et maladresses du pouvoir, qui mettent en péril la paix sociale et empêchent un débat serein et une coexistence politique apaisée.

A-t-on seulement posé la bonne question : comment est-on passé d’une transition accueillie avec enthousiasme à une rupture entre les acteurs politiques et un désaveu général des autorités de la transition ?

Le coup d’État du 5 septembre 2021 se réclamait d’un objectif noble et d’une promesse de changement. Aujourd’hui, peut-on encore croire et espérer ? Ou sommes-nous tous envahis par le doute et la déception ?

S’il y a désaccord ou conflit, ce n’est pas parce que certains s’opposent à d’autres par ambition personnelle ou esprit de confrontation. La vraie cause de la division réside dans la volonté de la majorité silencieuse de protéger la transition contre les dérives et les aventures hasardeuses, face à une minorité tentée par des chemins interdits.

Les leaders politiques et les acteurs de la société civile n’ont jamais cherché à répondre à la violence par la violence. Leur attitude, parfois perçue comme une faiblesse, montre une retenue admirable. À force de subir sans réagir, on a même l’impression que, lorsqu’ils reçoivent une gifle sur la joue gauche, ils tendent la droite. Cette posture de non-violence et de responsabilité morale est mal comprise par ceux qui, pourtant révoltés, refusent heureusement de basculer dans l’irréparable.

Jusqu’à preuve du contraire, les forces démocratiques et républicaines n’ont jamais mis en péril l’unité nationale. Les Forces vives n’ont enlevé, séquestré, ni fait disparaître ou tué aucun citoyen, aucun leader d’opinion, aucune figure du pays. Elles subissent bien plus qu’elles ne répliquent. Il faut le dire clairement : les Forces vives ne sont ni violentes ni incendiaires.

La vérité, que certains cherchent à dissimuler en accusant à tort une partie des Guinéens restée fidèle aux principes démocratiques et à l’État de droit, saute aux yeux. Ceux qui dirigent le pays, selon qu’ils respecteront leurs engagements et répondront aux attentes du peuple, ou qu’ils tenteront d’imposer un destin présidentiel par la force, seront ceux qui feront notre bonheur collectif… ou causeront notre malheur à tous.

Souleymane Souza KONATÉ,

Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG,

Président de la Commission Communication de l’ANAD.

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Plaidoyer pour un “Erasmus africain” et bâtir l’avenir de l’enseignement supérieur et de l’innovation

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Dans un monde où la connaissance est la première richesse, l’Afrique ne peut plus se permettre de rester à la marge de la grande révolution de l’éducation, de la recherche et de l’innovation. Si le continent veut transformer ses immenses potentialités en réalités concrètes, il doit impérativement investir dans l’intelligence de sa jeunesse. Or, cela passe avant tout par le développement d’un enseignement supérieur de qualité et la mise en place de véritables ponts entre ses universités.

Il est temps de concevoir un programme d’échange universitaire africain ambitieux, que l’on pourrait appeler Afrasmus, inspiré du modèle Erasmus en Europe. Un Afrasmus permettrait à des milliers d’étudiants, de chercheurs et de professeurs de circuler librement entre les universités du continent, de croiser leurs expériences, de confronter leurs idées, de mutualiser leurs savoirs. C’est en créant ce réseau vivant et dynamique que l’Afrique formera une génération capable d’innover, de trouver des solutions adaptées à ses défis et de s’imposer comme un acteur scientifique à l’échelle mondiale.

Aujourd’hui, le CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) constitue l’une des principales instances de coopération universitaire francophone en Afrique. Depuis plus de 50 ans, le CAMES œuvre pour l’harmonisation des diplômes, la reconnaissance des titres universitaires et l’assurance qualité de l’enseignement supérieur. Cependant, malgré ses avancées notables, le CAMES montre aussi ses limites : absence de véritable mécanisme de mobilité étudiante à grande échelle, manque de financement pour soutenir les échanges interuniversitaires, lenteur administrative dans la validation des programmes et difficulté à s’adapter aux besoins spécifiques des filières innovantes.

Pour combler ces lacunes, l’Afrique doit aller plus loin et transformer Afrasmus en un levier d’intégration et de spécialisation régionale. L’idée est simple : encourager chaque pays à développer des centres de compétence thématiques, attractifs pour toute la jeunesse africaine. La Guinée, forte de ses ressources minières, pourrait devenir un centre d’excellence minier et former des ingénieurs capables de transformer localement ses richesses naturelles. Le Bénin pourrait consolider sa position dans l’agriculture durable et la transformation agroalimentaire, en partageant son savoir-faire avec ses voisins. Le Kenya, déjà dynamique dans le numérique, pourrait accueillir les talents africains pour renforcer les compétences en technologies de l’information et en innovation digitale. Le Sénégal, reconnu pour la qualité de certaines de ses institutions médicales, pourrait devenir un hub pour la santé publique et la recherche biomédicale en Afrique de l’Ouest.

Il ne s’agit pas seulement de diplômer plus d’étudiants, mais de les former mieux, de les préparer à collaborer au-delà des frontières, de les encourager à entreprendre, à innover et à créer de la valeur sur place. C’est là qu’intervient la nécessité d’une volonté politique claire : sans vision de long terme, sans investissements massifs et sans mécanismes de gouvernance efficaces, l’Afrique continuera à exporter ses talents et à importer des solutions inadaptées.

L’Union Africaine, les gouvernements nationaux, les universités elles-mêmes et les partenaires financiers doivent se mobiliser pour faire d’Afrasmus un symbole de l’intégration africaine par le savoir. Afrasmus ne serait pas qu’un simple programme d’échanges : il incarnerait l’ambition d’un continent de bâtir son avenir par la connaissance, la coopération et l’innovation collective.

Souleymane Kourouma

Enseignant de grandes écoles

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