Dans un contexte de tensions sociopolitiques en Guinée, les épouses de Foninké et Billo, figures emblématiques de l’opposition, ont pris la plume pour adresser une lettre ouverte à Laurianne Doumbouya, épouse du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Ce courrier, empreint d’émotion et de désespoir, interpelle directement la Première Dame pour qu’elle use de son influence afin de mettre fin aux souffrances de nombreuses familles.
Un appel au cœur d’une mère et d’une épouse
Le courrier commence par une mise en parallèle frappante : tandis que Laurianne Doumbouya célèbre les fêtes de fin d’année avec ses enfants et son mari, les auteurs de la lettre décrivent les moments d’angoisse et de désespoir qu’elles traversent. Leurs époux, selon elles, ont été enlevés et sont détenus sans procès, dans des conditions jugées arbitraires.
Ces épouses dénoncent une situation qu’elles qualifient d’illégale et inhumaine : aucun contact avec les familles, aucune assistance juridique, et une privation totale de leurs droits fondamentaux. Elles interpellent Laurianne Doumbouya, non seulement en tant qu’épouse, mais aussi en tant que mère, pour qu’elle mesure la douleur et les conséquences de telles actions sur leurs enfants.
Le rôle moral de la Première Dame
La lettre met en avant les espoirs placés en Laurianne Doumbouya à l’arrivée de son mari au pouvoir. Perçue comme une figure morale, issue d’une nation comme la France, berceau des droits de l’Homme, elle était vue comme une possible voix modératrice, capable de guider son époux dans les moments de dérive. Cependant, les épouses des détenus politiques estiment que cette responsabilité n’a pas été assumée. Elles rappellent à Laurianne son devoir moral : celui de conseiller son mari, de jouer un rôle actif dans les décisions qui marquent cette transition politique.
Un avertissement et un appel à l’action
La lettre se termine par un avertissement. Les auteurs préviennent que si Mamadi Doumbouya persiste dans cette voie, c’est lui, sa famille et son héritage qui en pâtiront le plus. En tant qu’épouse et Première Dame, Laurianne Doumbouya est appelée à agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Elles formulent des demandes concrètes :
1. La libération immédiate des détenus.
2. L’accès aux avocats et aux familles.
3. Le retour à une gouvernance respectueuse des droits humains.
Les signataires, dans une démarche non conflictuelle, soulignent leur espoir de voir la transition débutée avec enthousiasme se terminer dans la dignité.
Un cri du cœur en quête de justice
Cette lettre est un appel poignant, mettant en lumière les attentes placées en Laurianne Doumbouya pour jouer un rôle déterminant dans un contexte politique trouble. Si elle reste silencieuse, les espoirs d’un changement positif pourraient être gravement compromis. En revanche, une action de sa part pourrait marquer un tournant dans cette transition, en réaffirmant les valeurs de justice et de respect des droits humains.
Il reste à voir si cet appel sera entendu, et si la Première Dame jouera un rôle dans la résolution de cette crise qui pèse lourdement sur de nombreuses familles guinéennes.
Ci dessous le contenu de la lettre :
Chère Laurianne DOUMBOUYA, épouse de Mamadi DOUMBOUYA,
Nous t’écrivons aujourd’hui pour te rappeler que cette semaine, pendant que tu passes de merveilleuses fêtes de Noël et de fin d’année avec tes enfants et ton mari, nos enfants et nous traversons des moments d’angoisse, de peur, de frustration, d’injustice en raison de la disparition forcée de nos époux, pères de nos enfants. Votre mari a kidnappé nos époux sans aucune procédure et les détient jusqu’à présent dans une situation illégale sans procès, sans contact avec leurs familles ou avec leurs avocats.
Quand votre mari prenait le pouvoir en Guinée, beaucoup de personnes voyaient en vous une sorte de garant moral qui pourrait rappeler son mari à l’ordre en cas de derapage.
Chère Laurianne,Le moment de rappeler votre mari à l’ordre, c’est bien maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Le grand homme qu’il voulait devenir dans l’histoire de la Guinée et de l’Afrique peut encore être sauvé car le peuple de Guinée sait pardonner. Citoyenne de la France qui a abrité toutes les lumières des pensées démocratiques et des droits humains, soyez un modèle pour les filles qui vous regardent, pour vos enfants et pour d’autres épouses de Chefs d’Etat qui se plaisent généralement dans le luxe inattendu du pouvoir, au lieu de donner à leurs maris les précieux conseils que personne d’autres ne pourraient leur donner. Quand les choses iront mal, votre mari, vos enfants et vous serez les plus perdants. Nous souhaitons une fin heureuse à tous.
Prière donc de vous impliquer auprès de votre mari pour la libération de nos époux. Prière de lui demander d’autoriser les avocats à voir nos maris. Prière de lui rappeler que ce mode opératoire est absurde en ce 21ème siècle.
Nous savons compter sur vous pour sauver ce qui reste de la transition que votre mari a si bien commencé, et qu’il risque de mal terminer si vous ne le sauvez pas des mauvais conseillers cupides qui l’entourent et lui font croire que tout va bien et que, en trois ans, il aurait effectivement créé un paradis dans l’enfer que les guinéens et guinéennes vivent au quotidien.
Les épouses de Foninké et Billo.