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Quand les plumes s’inclinent devant les décrets

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La frontière entre engagement et allégeance s’affine dangereusement.
Quand le micro devient mégaphone du pouvoir, c’est la société qui perd une sentinelle.

Par Barry DIOP
Journaliste reporter d’images

Il fut un temps où certains journalistes se dressaient en véritables boucliers de la vérité, dénonçant sans crainte les dérives du pouvoir et brandissant le micro comme une arme citoyenne.

Ils se disaient « indépendants », « influents », « intraitables ». Ils parlaient au nom du peuple, au nom de la liberté, au nom de l’éthique.

Aujourd’hui, ironie du sort : ces mêmes plumes se retrouvent à la table du pouvoir. Non plus comme observateurs, mais comme acteurs. Non plus pour questionner, mais pour applaudir.

Le décret présidentiel, jadis symbole d’un privilège politique, est devenu pour certains le nouveau manifeste professionnel.

Quand l’engagement bascule en allégeance

Le phénomène n’est pas inédit, mais il prend de l’ampleur. Des voix qui, hier encore, critiquaient Alpha Condé ou le CNRD se sont tues, séduites par les honneurs et les nominations. Certains ont troqué leur liberté contre un fauteuil, leur conviction contre une fonction.

Personne n’interdit à un journaliste d’évoluer ou de servir autrement. Mais lorsque l’engagement devient allégeance et que le micro se transforme en mégaphone du pouvoir, la société perd une sentinelle.

La distance nécessaire : plume, décret et conscience

Le rôle du journaliste n’est pas d’être contre un régime, mais d’être avec la vérité, même quand elle dérange. Il doit maintenir la juste distance entre la plume et le décret, entre le pouvoir et la conscience.

Questions que la profession doit se poser

  • Où s’arrête la liberté du journaliste et où commence la compromission ?
  • Peut-on parler d’indépendance quand les nominations ressemblent à des récompenses pour “bons services” ?

Le journalisme ne meurt pas d’une balle, il meurt d’une soumission silencieuse.

Et chaque fois qu’un journaliste abandonne sa neutralité pour les faveurs du pouvoir, c’est un pan de la liberté de la presse qui s’effrite.

Le pays a besoin de journalistes courageux, pas de chroniqueurs de palais.

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Air Guinée, rails…Cellou Dalein Diallo : accusé à tort, blanchi par les faits et révélations implacables

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Par Souleymane SOUZA KONATÉ
Coordonnateur de la cellule de communication de l’UFDG

De toute sa vie, au cours de sa longue et riche carrière de commis de l’État et de gestionnaire des deniers publics, le Président de l’UFDG n’a jamais triché, menti, volé ni pillé.
Ce n’est pas une crapule ni un truand, comme on en rencontre malheureusement en politique et dans l’administration.

C’est pourquoi il tarde à accéder au pouvoir dans un pays où l’honnêteté est souvent perçue comme un délit, où tout se monnaye et se marchande — jusqu’à la dignité.
Le patriotisme et l’exemplarité y semblent des mots vains.

« Dans un pays où la vertu est suspecte, l’homme honnête devient un problème. »

Les Guinéens devraient prendre le Président de l’UFDG pour exemple, car il a toujours privilégié la Guinée à son parti.
Il n’a jamais pensé qu’en politique, comme le font la plupart des acteurs, la fin justifie les moyens, ni que l’argent n’a ni odeur ni couleur.
Certes, il a tiré les leçons de ses expériences : le monde n’est pas parfait, les hommes ne sont pas des saints.
Mais il reste convaincu qu’il existe une alternative à la dictature et que la violence et le crime gratuits ne sont jamais des options honorables.

Des accusations sans fondement

Cellou Dalein devrait se réjouir qu’après de longues années passées dans la gestion des affaires publiques, à des postes de décision clés, on ne puisse lui opposer que deux dossiers
qui, aujourd’hui, grâce aux déclarations de témoins crédibles et à des documents authentiques, se sont révélés insignifiants. Pour reprendre les mots de Jacques Chirac : « pschitt ! »

Il s’agit de l’affaire Air Guinée et du démantèlement des rails suivi de leur vente.

« Les faits sont têtus : ils finissent toujours par écraser les mensonges. »

L’affaire Air Guinée : la vérité rétablie

Mamadou Sylla, qui a racheté l’avion concerné de la compagnie nationale dans des conditions qu’il connaît mieux que quiconque, a publiquement disculpé Cellou Dalein devant l’opinion nationale et internationale.
Il n’est ni partisan ni obligé envers lui.
Dans son franc-parler habituel, il a rétabli la vérité sans détours ni faux-fuyants, éclairant ainsi la lanterne du public.

L’affaire des rails : un faux procès

De plus, un document récemment diffusé dans tous les canaux de communication révèle que c’est Kirdi Bangoura qui est le véritable signataire concernant cette affaire.
En sa qualité de ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, il a, dans un message radio écrit noir sur blanc, instruit les autorités concernées à procéder à l’enlèvement et au transport des rails par l’ONCFG et la société SODEFA, en termes clairs et précis.

« Les accusations contre Cellou Dalein Diallo se sont effondrées d’elles-mêmes, faute de preuves et face à la lumière des faits. »

La justice face à son devoir

Le Président de l’UFDG a eu raison de clamer et défendre son honneur et son innocence contre ces
cabales médiatico-judiciaires montées de toutes pièces.
Aujourd’hui que la vérité a éclaté au grand jour, ceux qui ont douté de lui et l’ont accusé
à partir d’allégations malveillantes doivent exprimer leurs regrets et lui présenter des excuses.

Quant à la justice, elle doit reconnaître ses erreurs et faire amende honorable.
Car avec le temps, la vérité finit toujours par triompher — tout comme la justice.


✍️ Souleymane SOUZA KONATÉ
Coordonnateur de la cellule de communication de l’UFDG

Les opinions exprimées dans cette tribune n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la position du média KUMPITAL,
attaché au pluralisme, à la liberté d’expression et au débat d’idées constructif.

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Pour une candidature unique et un sursaut démocratique en Guinée

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Par Mamadou Djouldé Diallo — Jeune citoyen engagé

Il y a un mois, le 5 septembre 2025, nous avons commémoré dans un silence à la fois contenu et lourd le 4ᵉ anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).

Le 21 septembre, le corps électoral guinéen fut appelé à se prononcer par voie référendaire sur un projet de nouvelle Constitution. Les résultats officiels proclamés par la Direction Générale des Élections (DGE) furent sans appel : le « Oui » l’emporta avec 89,38 % des suffrages valablement exprimés pour un taux de participation de 86,42 %.

Pour beaucoup d’observateurs, ce référendum a constitué une remise des compteurs à zéro, ouvrant la voie au Général Mamadi Doumbouya pour se présenter aux prochaines élections présidentielles, en dépit de ses engagements fermes de ne pas briguer de mandat.

« Les années passées à la tête du pays nous font comprendre que le devoir peut, parfois, transcender la parole donnée de bonne foi. » — Alassane Ouattara

Rien n’exclut donc que le Général Doumbouya invoque cette même logique pour justifier son abjuration. L’adoption de cette nouvelle Constitution par un « Oui » massif n’aura finalement été qu’une formalité — tant il était évident qu’aucune véritable opportunité n’avait été accordée aux partisans du « Non » pour défendre leurs idées.

Les principaux leaders de l’opposition sont soit en exil, soit en prison, comme Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Alpha Condé ou Aliou Bah. Certains n’ont même pas pu se faire enrôler dans le récent recensement servant de base au fichier électoral.

Quelle carte politique reste à jouer ?

Face à cette situation, où la classe politique joue davantage le rôle de spectatrice que d’actrice, une question s’impose : quelle est la dernière carte politique à jouer — si elle existe — pour éviter un anéantissement calculé ?

La classe politique guinéenne partage un objectif commun : un retour rapide à l’ordre constitutionnel avec un président civil à la tête du pays. Cette perspective constitue une opportunité en or pour se rassembler et agir ensemble afin de sauver la République et la démocratie.

L’UFDG, l’UFR, le RPG et d’autres encore doivent joindre leurs efforts pour constituer une coalition capable de présenter une candidature unique aux prochaines élections présidentielles.

Un candidat unique pour un sursaut démocratique

Historiquement, les trois principaux partis guinéens — UFDG, RPG et UFR — ont davantage de convergences que de divergences. Entre 2008 et 2010, au sein des Forces Vives de la Nation, ils partageaient des positions communes sur la conduite de la transition dirigée par le CNDD.

L’arrivée du CNRD en septembre 2021 avait, elle aussi, suscité un immense espoir. Pour Cellou Dalein Diallo, longtemps traqué, cette transition avait été un soulagement : levée des mesures liberticides, réouverture du siège de son parti, reprise d’un dialogue politique attendu. Aux côtés de Sidya Touré, il avait cru en la bonne foi des nouvelles autorités.

Mais la désillusion fut rapide : à peine un an après, ces deux anciens Premiers ministres ont été contraints de quitter leurs domiciles — spoliation politique pour certains, exil forcé pour d’autres. Ce fut un coup dur et une occasion manquée de construire une transition inclusive.

« Les erreurs du passé ne seront pas répétées » et « la justice sera la boussole », déclarait le Général Doumbouya le 5 septembre 2021.

Aujourd’hui, l’histoire l’observe. L’honneur d’un homme d’État se mesure à sa capacité à tenir sa parole quand le pouvoir devient tentation.

L’urgence d’une coalition

Face à une éventuelle rétractation du Général Doumbouya, il est temps que les partis susmentionnés — et bien d’autres — s’asseyent, se parlent et s’entendent. Non pas pour fusionner, mais pour bâtir une coalition nationale capable de présenter une candidature unique issue du dialogue, du consensus et du patriotisme.

Le peuple guinéen attend un projet fiable, une alternative crédible, forte et stable. Le prochain président devra être un homme d’État :

  • Intègre, sans antécédents de corruption ni compromission ;
  • Expérimenté dans la gestion publique, compétent et probe ;
  • Unificateur, capable de rassembler toutes les régions et communautés ;
  • Visionnaire et moderne, ancré dans les réalités du pays ;
  • Patriotique et humble, ouvert à la diaspora et au monde ;
  • Respectueux des libertés et de l’État de droit.

Il ne s’agit plus de chercher « l’homme fort », mais l’homme juste — celui qui rassemble, réforme et élève la Nation.

Conclusion

La Guinée n’est pas condamnée à l’instabilité et aux coups de force. Mais pour s’en sortir, il faut courage politique, humilité et mémoire.

• Aux partis politiques : unissez-vous.
• Au peuple guinéen : veillez, exigez et votez.

L’histoire n’attend plus. Elle exige. Et cette fois, elle ne pardonnera pas l’échec de l’union.


✍️ Mamadou Djouldé Diallo
Jeune citoyen engagé
📧 mamadou.diallo15@orange.fr
📧 mamadou-djoulde.diallo.1@ulaval.ca

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Plus de 60 ans d’indépendance, zéro indépendance économique : il est temps de réveiller l’Afrique

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Par Safayiou DIALLO — Économiste

Au lendemain de la célébration de nos indépendances, il est impératif de porter un regard lucide sur ce que nous avons réellement accompli et, surtout, sur ce que nous devons encore faire.
L’indépendance politique, obtenue après de longues luttes, est un acquis majeur, mais elle demeure insuffisante lorsqu’elle n’est pas accompagnée d’une
véritable indépendance économique.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que, plus de soixante ans après la fin officielle de la colonisation, nos pays continuent de
dépendre massivement des importations, y compris pour des biens que nous sommes tout à fait capables de produire localement.

Aujourd’hui, il est paradoxal de voir que nous affichons une certaine fierté à importer des marchandises issues de notre propre savoir-faire culturel et artisanal.
Avant l’arrivée des colonisateurs, l’Afrique possédait des systèmes d’organisation économique et sociale adaptés, autonomes et résilients.
Nos ancêtres vivaient dans une harmonie qui, malgré les aléas et difficultés, leur permettait de résoudre efficacement leurs problèmes.
Ce modèle ancestral, fondé sur le respect des ressources locales et la valorisation des talents endogènes,
mérite d’être revisité et réadapté à notre époque.

« Revisiter nos savoir-faire n’est pas un retour en arrière : c’est la condition d’une renaissance économique durable. »

Je me rappelle, lors de mon enfance, que notre communauté comptait de nombreux artisans : tisserands, cordonniers, forgerons, et une multitude d’autres, tous porteurs d’un savoir-faire précieux.
Ces artisans animaient nos espaces et villages, et leurs productions faisaient la fierté de nos sous-préfectures.
Lors des manifestations appelées affectueusement Diabho, nous recevions des touristes venus admirer et acquérir ces produits,
véritables symboles de notre identité et de notre culture.

Le paradoxe de la fierté importée

De nos jours, nous faisons souvent la promotion de produits fabriqués par des étrangers, venus nous revendre nos propres créations à des prix exorbitants.
C’est le cas, entre autres, des Padhé Gouri, du leppi, du bazin que beaucoup appellent Faré Yaré, ainsi que d’une large gamme d’autres objets locaux que nous portons fièrement,
tout en contribuant involontairement à la mort de nos productions artisanales.
Ce paradoxe illustre à quel point l’indépendance politique n’a pas su se traduire en une renaissance économique.

Savoirs délaissés, marchés saturés

Au-delà de l’artisanat, de nombreuses activités économiques traditionnelles qui faisaient longtemps la richesse de l’Afrique ont perdu de leur importance :
bijoux, tissage, cordonnerie, forge, ainsi que des produits agricoles locaux tels que le fonio, le sorgho ou le mil.
Ils sont aujourd’hui concurrencés par des produits importés, en particulier ceux venus de Chine ou d’Occident, qui envahissent nos marchés avec des prix parfois très bas.
Cet envahissement a conduit à la marginalisation de nos artisans, tisserands et producteurs locaux, menaçant de faire disparaître ces savoir-faire précieux qui auraient dû être source d’emploi et de fierté.

« Là où l’importation devient réflexe, l’innovation locale se meurt. »

De même, les industries locales, notamment le textile, ont souffert de cette concurrence, incapables de rivaliser avec les produits manufacturés importés.
Par conséquent, des métiers traditionnels ont été oubliés, des talents délaissés, tandis que des régions entières se sont appauvries.
Cet abandon ne profite ni à nos économies ni à nos communautés, mais plutôt à des intérêts étrangers qui exploitent nos marchés et nos ressources.

Indépendance : du symbole à l’engagement

L’indépendance constitue plus qu’un simple jalon historique : elle doit être perçue comme un éveil et un engagement pour relever les défis qui se dressent devant nous.
Malheureusement, nombreux sont les États africains qui n’ont pas su saisir cette opportunité, accordant la priorité à des préoccupations superficielles,
laissant en arrière-plan les questions essentielles liées au développement économique, à l’emploi et à la valorisation des talents.

Après plus de six décennies d’indépendance, nous persévérons dans une dépendance excessive aux importations, y compris pour des biens que nous pourrions aisément produire localement.
Cette situation a des conséquences dramatiques sur le tissu économique et social : beaucoup d’artisans, d’ouvriers et de métiers traditionnels se retrouvent aujourd’hui marginalisés,
incapables de vivre décemment de leur travail.

La blessure invisible : tuer le talent

Comme le soulignait un observateur avisé, en Afrique, on tue le talent.
Trop souvent, la médiocrité est encouragée tandis que les véritables porteurs d’idées novatrices sont marginalisés.
Les pays africains célèbrent parfois les moins compétents et rejettent ceux qui peuvent véritablement faire avancer les choses.
Cette réalité explique en grande partie la fuite des cerveaux : jeunes diplômés et experts, formés souvent à l’étranger où ils sont reconnus, hésitent à revenir,
faute de conditions favorables, de structures solides et d’opportunités à la hauteur de leurs compétences.

Ce phénomène fragilise encore davantage notre développement, mettant en péril l’avenir économique et social de nos nations.
Il est urgent de réinventer nos modèles économiques, à partir de nos ressources, de notre culture et de nos talents.
Il faut encourager et protéger les savoir-faire locaux, moderniser nos industries, valoriser nos entrepreneurs et réhabiliter nos métiers traditionnels.

Passer aux actes : cap sur l’économie réelle

Au-delà des discours et des déclarations politiques, des actions concrètes sont nécessaires pour que l’indépendance cesse d’être un simple anniversaire et devienne un véritable levier de transformation.
Cela passe par des politiques publiques audacieuses, des investissements dans la formation, la recherche et l’innovation,
ainsi que la promotion d’une économie inclusive où chaque citoyen peut trouver sa place et contribuer au développement collectif.

« Retrouver la fierté de produire chez nous n’est pas un slogan : c’est une stratégie. »

Il est temps de renouer avec la fierté de nos racines culturelles et économiques, non pas en slogans, mais par des actes forts qui permettront à notre indépendance d’être
complète et durable.
Ce chemin est exigeant, mais il représente la seule voie pour bâtir des sociétés prospères et justes, capables de relever les défis du XXIᵉ siècle.


✍️ Safayiou DIALLO
Économiste

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