Par Thierno Maadjou Bah
Journaliste – Web activiste – Militant des droits de l’homme
Monsieur le Président,
Je me permets de vous adresser cette lettre après plusieurs jours d’hésitation nourrie par le doute
qu’elle puisse vous parvenir. Je souhaite vous faire part de mon analyse concernant la situation actuelle de notre pays.
Depuis votre accession au pouvoir le 5 septembre 2021, votre action a connu, il est vrai,
des acquis, mais également des faiblesses. À l’aube d’une élection présidentielle prévue en décembre
et après quatre années de gestion, je formule le vœu le plus sincère que vous puissiez faire une
sortie glorieuse de l’histoire en respectant votre engagement initial de ne pas vous porter candidat.
Reportez le scrutin et permettez à l’ensemble des acteurs socio-politiques de prendre part à des
élections libres, crédibles et transparentes.
Monsieur le Président, avant de prendre cette décision capitale, il est impératif de créer les conditions de la confiance.
Veillez à faciliter la libération des acteurs socio-politiques détenus, assurez le retour sans risque des exilés politiques et des membres de la société civile, et procédez à la réouverture des médias fermés.
Ces gestes forts feraient de vous un homme encore plus rassembleur, un fédérateur.
L’Histoire vous en serait reconnaissante et l’avenir de la Guinée en serait assuré.
Par la suite, je vous exhorte à vous mettre en retrait et à vous déconnecter de la scène politique guinéenne pour un temps.
L’idéal serait de revenir après une décennie pour fonder votre propre parti politique.
Vous verriez alors des millions de Guinéens, moi y compris, vous soutenir.
Certains qualifieront cette suggestion de mauvais calcul, estimant que vous vous fermeriez toute possibilité de retour.
D’autres, comme moi, sont convaincus que cette démarche vous mènerait à une victoire éclatante.
L’illustre exemple de l’ancien Président malien, feu Amadou Toumani Touré, en est la parfaite démonstration.
En agissant ainsi, votre nom serait gravé au panthéon de l’histoire africaine.
Monsieur le Président, soyez rassuré que ceux qui vous poussent à la candidature ne vous sont pas forcément dévoués.
Ce sont bien souvent des opportunistes. Certains d’entre eux étaient hier les plus ardents défenseurs du troisième mandat du Président Alpha Condé. Leur ralliement à votre cause fut des plus rapides.
Leur fidélité n’est souvent liée qu’aux avantages que leur procure votre pouvoir.
Ces individus ne changent pas de conviction, ils déchirent simplement leurs anciens habits.
Il y a d’autres personnes qui posent problème aussi. D’abord, il y a ceux qui sont incompétents et ne veulent pas apprendre.
Ils occupent des postes importants du pouvoir et en profitent. Évidemment, ils n’aiment pas du tout votre décision de renoncer à vous présenter.
Ensuite, il y a les ambitieux frustrés. Leur seul but est d’obtenir une position de pouvoir pour s’enrichir à leur tour.
Ils sont prêts à tout pour ça, même à trahir leurs propres idées. Ces personnes ne vous portent pas dans leur cœur.
Il n’est pas encore trop tard pour bien faire, Monsieur le Président.
Reportez les élections, convoquez tous les acteurs autour d’une table de dialogue,
et vous en sortirez, sans conteste, comme le plus grand vainqueur.
En vérité, ceux qui vous supplient de renoncer à vous porter candidat et de revenir après quelques années comme candidat sont ceux qui vous aiment le plus sincèrement et qui appellent de leurs vœux votre bonheur et votre grandeur.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’hommage respectueux d’un citoyen guinéen animé par la passion de l’avenir de son pays et qui formule des vœux pour votre parfait bonheur.




