Connect with us

Lettre Ouverte

Lettre ouverte à Madame la Ministre de l’Industrie et des PME

Publié

le

Objet : Réflexions et propositions suite à la fermeture de 1 724 unités industrielles

Madame la Ministre,

Permettez-moi tout d’abord de saluer la rigueur avec laquelle votre Ministère s’emploie à réorganiser et réguler l’environnement industriel Guinéen. La mise en conformité des activités économiques, notamment dans les secteurs sensibles comme la production d’eau, est une démarche nécessaire, légitime et attendue depuis longtemps.

Cela dit, la décision de fermeture de 1 724 unités industrielles, annoncée le 17 juillet dernier, appelle une réflexion collective sur les modalités d’application et les conséquences immédiates. Ces unités, bien qu’imparfaites sur le plan réglementaire et environnemental, jouent un rôle crucial dans le tissu économique et social Guinéen.

En moyenne, si nous prenons cinq (5) emplois directs par unité, ce sont plus de 8 600 emplois qui disparaissent en une journée, sans compter les milliers d’emplois indirects dans les filières connexes : fournisseurs d’emballages, transport, commerce de proximité etc.

Au-delà des chiffres, il y a les visages. Celui des jeunes entrepreneurs qui ont investi leurs économies dans des petites unités de traitement. celui des femmes dans les marchés qui vendent, chaque jour, des sachets d’eau pour nourrir leurs enfants. Ces récits sont nombreux. Derrière chaque fermeture, une chaîne de solidarité locale s’effondre.

Le secteur de la production d’eau, dans nos villes comme dans nos campagnes, comble aujourd’hui des insuffisances structurelles. En l’absence de réseaux publics performants, ces unités assurent, de fait, un service vital et approvisionnent chaque jour des milliers de foyers, notamment dans les zones périurbaines. Leur retrait soudain crée un vide fonctionnel, un risque de pénurie localisée, une hausse possible des prix et une perte brutale de revenus pour les ménages les plus modestes.

Or, réguler un secteur ne doit pas signifier l’éteindre. L’ambition de qualité ne saurait être atteinte durablement sans accompagnement, ni cadre progressif de transition.

C’est pourquoi je plaide pour une transition stratégique, juste et inclusive. Pour une approche alternative, plus progressive, s’appuyant sur les mécanismes structurés de développement du secteur privé.

À court terme, un programme national de mise en conformité industrielle, motivé par la volonté d’accompagner un secteur privé fragile vers une transformation profonde et adossé aux ressources du programme Simandou 2040, pourrait être lancé. Ce programme serait structuré autour de trois piliers :

  1. Un référentiel qualité adapté aux micro-unités, co-construit entre les ministères de l’Industrie, de la Santé et de l’Environnement, pour classer les unités selon leur niveau de risque et leur potentiel de mise aux normes. Ce référentiel pourrait faire l’objet d’un arrêté ministériel partagé, permettant aux unités viables d’engager un parcours de régularisation et surtout de les classer en trois catégories : à régulariser, à accompagner, à fermer définitivement sur base de critères objectifs.
  2. Un accompagnement ciblé piloté par le Ministère de l’industrie et des PME, avec appui des acteurs de l’écosystème entrepreneurial qualifiés, afin de soutenir la mise aux normes des unités viables. L’objectif réaliste serait de sauvegarder 250 à 300 unités, représentant à elles seules plus de 1 500 emplois directs formalisables à court terme. Ces petites unités seront retenues de par leur potentiel de se conformer aux normes et de développement pour couvrir le marché national d’eau minérale.
  3. Une offre de reconversion vers d’autres filières industrielles ou agroalimentaires (jus, huiles, produits transformés), avec des incitations fiscales à la transformation locale et des mécanismes de soutien à l’investissement pour les autres unités exclus du secteur de l’eau.

Ce dispositif permettrait de transformer une mesure brutale en mécanisme de structuration. De réconcilier exigence publique et trajectoires entrepreneuriales. Et surtout, de bâtir un tissu industriel plus sain, sans sacrifier les dynamiques existantes ni les efforts consentis par des centaines de Guinéens entreprenants.

En tant qu’expert de l’accompagnement des PME et du développement d’écosystèmes entrepreneuriaux, engagé depuis plus de 15 ans sur le terrain, je suis convaincu qu’une telle transition est non seulement possible, mais souhaitable. L’État a aujourd’hui l’occasion de montrer que l’autorité peut être alliée à la justice économique, et que réguler n’est pas seulement fermer, mais aussi ouvrir des perspectives nouvelles.

Nous avons là une occasion historique de démontrer que l’État Guinéen sait conjuguer autorité et accompagnement, normes et justice sociale. Nous pouvons refonder notre industrie sans écraser ceux qui l’ont portée à bout de bras. Nous pouvons construire un système où la qualité devient une ambition partagée, parce qu’on a donné les moyens d’y accéder. Ne laissons pas cette crise devenir un traumatisme économique. Transformons-la en levier d’innovation, d’inclusion et de fierté nationale.

Refonder notre industrie, oui. Mais pas en sacrifiant ceux qui ont tenu debout, seuls, là où rien n’était prévu pour eux. Construisons un modèle où l’assainissement devient une chance. Un modèle où les réformes ne s’imposent pas contre, mais avec les forces vives de notre économie. Ce pays a soif d’ordre. Mais aussi de perspectives. Ne coupons pas l’eau à ceux qui, malgré tout, font circuler la vie.

Respectueusement

Danda DialloExpert de l’accompagnement des PME Et du développement d’écosystème entrepreneurial

Lettre Ouverte

Appel à Laurianne Doumbouya : Une lettre poignante des épouses de Foniké Mengué et Billo Bah

Publié

le

Par

Dans un contexte de tensions sociopolitiques en Guinée, les épouses de Foninké et Billo, figures emblématiques de l’opposition, ont pris la plume pour adresser une lettre ouverte à Laurianne Doumbouya, épouse du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Ce courrier, empreint d’émotion et de désespoir, interpelle directement la Première Dame pour qu’elle use de son influence afin de mettre fin aux souffrances de nombreuses familles.

Un appel au cœur d’une mère et d’une épouse

Le courrier commence par une mise en parallèle frappante : tandis que Laurianne Doumbouya célèbre les fêtes de fin d’année avec ses enfants et son mari, les auteurs de la lettre décrivent les moments d’angoisse et de désespoir qu’elles traversent. Leurs époux, selon elles, ont été enlevés et sont détenus sans procès, dans des conditions jugées arbitraires.

Ces épouses dénoncent une situation qu’elles qualifient d’illégale et inhumaine : aucun contact avec les familles, aucune assistance juridique, et une privation totale de leurs droits fondamentaux. Elles interpellent Laurianne Doumbouya, non seulement en tant qu’épouse, mais aussi en tant que mère, pour qu’elle mesure la douleur et les conséquences de telles actions sur leurs enfants.

Le rôle moral de la Première Dame

La lettre met en avant les espoirs placés en Laurianne Doumbouya à l’arrivée de son mari au pouvoir. Perçue comme une figure morale, issue d’une nation comme la France, berceau des droits de l’Homme, elle était vue comme une possible voix modératrice, capable de guider son époux dans les moments de dérive. Cependant, les épouses des détenus politiques estiment que cette responsabilité n’a pas été assumée. Elles rappellent à Laurianne son devoir moral : celui de conseiller son mari, de jouer un rôle actif dans les décisions qui marquent cette transition politique.

Un avertissement et un appel à l’action

La lettre se termine par un avertissement. Les auteurs préviennent que si Mamadi Doumbouya persiste dans cette voie, c’est lui, sa famille et son héritage qui en pâtiront le plus. En tant qu’épouse et Première Dame, Laurianne Doumbouya est appelée à agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

Elles formulent des demandes concrètes :

1. La libération immédiate des détenus.

2. L’accès aux avocats et aux familles.

3. Le retour à une gouvernance respectueuse des droits humains.

Les signataires, dans une démarche non conflictuelle, soulignent leur espoir de voir la transition débutée avec enthousiasme se terminer dans la dignité.

Un cri du cœur en quête de justice

Cette lettre est un appel poignant, mettant en lumière les attentes placées en Laurianne Doumbouya pour jouer un rôle déterminant dans un contexte politique trouble. Si elle reste silencieuse, les espoirs d’un changement positif pourraient être gravement compromis. En revanche, une action de sa part pourrait marquer un tournant dans cette transition, en réaffirmant les valeurs de justice et de respect des droits humains.

Il reste à voir si cet appel sera entendu, et si la Première Dame jouera un rôle dans la résolution de cette crise qui pèse lourdement sur de nombreuses familles guinéennes.

Ci dessous le contenu de la lettre :

Chère Laurianne DOUMBOUYA, épouse de Mamadi DOUMBOUYA,

Nous t’écrivons aujourd’hui pour te rappeler que cette semaine, pendant que tu passes de merveilleuses fêtes de Noël et de fin d’année avec tes enfants et ton mari, nos enfants et nous traversons des moments d’angoisse, de peur, de frustration, d’injustice en raison de la disparition forcée de nos époux, pères de nos enfants. Votre mari a kidnappé nos époux sans aucune procédure et les détient jusqu’à présent dans une situation illégale sans procès, sans contact avec leurs familles ou avec leurs avocats.

Quand votre mari prenait le pouvoir en Guinée, beaucoup de personnes voyaient en vous une sorte de garant moral qui pourrait rappeler son mari à l’ordre en cas de derapage.

Chère Laurianne,Le moment de rappeler votre mari à l’ordre, c’est bien maintenant avant qu’il ne soit trop tard. Le grand homme qu’il voulait devenir dans l’histoire de la Guinée et de l’Afrique peut encore être sauvé car le peuple de Guinée sait pardonner. Citoyenne de la France qui a abrité toutes les lumières des pensées démocratiques et des droits humains, soyez un modèle pour les filles qui vous regardent, pour vos enfants et pour d’autres épouses de Chefs d’Etat qui se plaisent généralement dans le luxe inattendu du pouvoir, au lieu de donner à leurs maris les précieux conseils que personne d’autres ne pourraient leur donner. Quand les choses iront mal, votre mari, vos enfants et vous serez les plus perdants. Nous souhaitons une fin heureuse à tous.

Prière donc de vous impliquer auprès de votre mari pour la libération de nos époux. Prière de lui demander d’autoriser les avocats à voir nos maris. Prière de lui rappeler que ce mode opératoire est absurde en ce 21ème siècle.

Nous savons compter sur vous pour sauver ce qui reste de la transition que votre mari a si bien commencé, et qu’il risque de mal terminer si vous ne le sauvez pas des mauvais conseillers cupides qui l’entourent et lui font croire que tout va bien et que, en trois ans, il aurait effectivement créé un paradis dans l’enfer que les guinéens et guinéennes vivent au quotidien.

Les épouses de Foninké et Billo.

Continuer à lire

Tendances