Tribune

Pour une candidature unique et un sursaut démocratique en Guinée

Publié

le

Par Mamadou Djouldé Diallo — Jeune citoyen engagé

Il y a un mois, le 5 septembre 2025, nous avons commémoré dans un silence à la fois contenu et lourd le 4ᵉ anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD).

Le 21 septembre, le corps électoral guinéen fut appelé à se prononcer par voie référendaire sur un projet de nouvelle Constitution. Les résultats officiels proclamés par la Direction Générale des Élections (DGE) furent sans appel : le « Oui » l’emporta avec 89,38 % des suffrages valablement exprimés pour un taux de participation de 86,42 %.

Pour beaucoup d’observateurs, ce référendum a constitué une remise des compteurs à zéro, ouvrant la voie au Général Mamadi Doumbouya pour se présenter aux prochaines élections présidentielles, en dépit de ses engagements fermes de ne pas briguer de mandat.

« Les années passées à la tête du pays nous font comprendre que le devoir peut, parfois, transcender la parole donnée de bonne foi. » — Alassane Ouattara

Rien n’exclut donc que le Général Doumbouya invoque cette même logique pour justifier son abjuration. L’adoption de cette nouvelle Constitution par un « Oui » massif n’aura finalement été qu’une formalité — tant il était évident qu’aucune véritable opportunité n’avait été accordée aux partisans du « Non » pour défendre leurs idées.

Les principaux leaders de l’opposition sont soit en exil, soit en prison, comme Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Alpha Condé ou Aliou Bah. Certains n’ont même pas pu se faire enrôler dans le récent recensement servant de base au fichier électoral.

Quelle carte politique reste à jouer ?

Face à cette situation, où la classe politique joue davantage le rôle de spectatrice que d’actrice, une question s’impose : quelle est la dernière carte politique à jouer — si elle existe — pour éviter un anéantissement calculé ?

La classe politique guinéenne partage un objectif commun : un retour rapide à l’ordre constitutionnel avec un président civil à la tête du pays. Cette perspective constitue une opportunité en or pour se rassembler et agir ensemble afin de sauver la République et la démocratie.

L’UFDG, l’UFR, le RPG et d’autres encore doivent joindre leurs efforts pour constituer une coalition capable de présenter une candidature unique aux prochaines élections présidentielles.

Un candidat unique pour un sursaut démocratique

Historiquement, les trois principaux partis guinéens — UFDG, RPG et UFR — ont davantage de convergences que de divergences. Entre 2008 et 2010, au sein des Forces Vives de la Nation, ils partageaient des positions communes sur la conduite de la transition dirigée par le CNDD.

L’arrivée du CNRD en septembre 2021 avait, elle aussi, suscité un immense espoir. Pour Cellou Dalein Diallo, longtemps traqué, cette transition avait été un soulagement : levée des mesures liberticides, réouverture du siège de son parti, reprise d’un dialogue politique attendu. Aux côtés de Sidya Touré, il avait cru en la bonne foi des nouvelles autorités.

Mais la désillusion fut rapide : à peine un an après, ces deux anciens Premiers ministres ont été contraints de quitter leurs domiciles — spoliation politique pour certains, exil forcé pour d’autres. Ce fut un coup dur et une occasion manquée de construire une transition inclusive.

« Les erreurs du passé ne seront pas répétées » et « la justice sera la boussole », déclarait le Général Doumbouya le 5 septembre 2021.

Aujourd’hui, l’histoire l’observe. L’honneur d’un homme d’État se mesure à sa capacité à tenir sa parole quand le pouvoir devient tentation.

L’urgence d’une coalition

Face à une éventuelle rétractation du Général Doumbouya, il est temps que les partis susmentionnés — et bien d’autres — s’asseyent, se parlent et s’entendent. Non pas pour fusionner, mais pour bâtir une coalition nationale capable de présenter une candidature unique issue du dialogue, du consensus et du patriotisme.

Le peuple guinéen attend un projet fiable, une alternative crédible, forte et stable. Le prochain président devra être un homme d’État :

  • Intègre, sans antécédents de corruption ni compromission ;
  • Expérimenté dans la gestion publique, compétent et probe ;
  • Unificateur, capable de rassembler toutes les régions et communautés ;
  • Visionnaire et moderne, ancré dans les réalités du pays ;
  • Patriotique et humble, ouvert à la diaspora et au monde ;
  • Respectueux des libertés et de l’État de droit.

Il ne s’agit plus de chercher « l’homme fort », mais l’homme juste — celui qui rassemble, réforme et élève la Nation.

Conclusion

La Guinée n’est pas condamnée à l’instabilité et aux coups de force. Mais pour s’en sortir, il faut courage politique, humilité et mémoire.

• Aux partis politiques : unissez-vous.
• Au peuple guinéen : veillez, exigez et votez.

L’histoire n’attend plus. Elle exige. Et cette fois, elle ne pardonnera pas l’échec de l’union.


✍️ Mamadou Djouldé Diallo
Jeune citoyen engagé
📧 mamadou.diallo15@orange.fr
📧 mamadou-djoulde.diallo.1@ulaval.ca

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tendances

Quitter la version mobile