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L’heure du Choix : De la Grandeur ou de l’Hybris du pouvoir

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À travers l’histoire, il y a eu des hommes qui ont marqué leur passage sur cette terre : certains par la force et l’usage des armes, d’autres par la ruse et la duperie, et d’autres encore par le respect de leur parole donnée. Car la parole donnée est, chez l’homme, ce qu’il y a de plus cher et de plus sacré.Général, vous vous trouvez aujourd’hui face à deux chemins.

Le premier, celui de la grandeur, est emprunté par tous les hommes qui veulent inscrire leur nom dans l’histoire d’une nation. Leurs paroles et leurs actes deviennent des reliques que le temps n’efface pas.

Le second est celui du désarroi et de l’avanie, le chemin de ceux qui se sont laissés emporter par l’hybris du pouvoir. Leurs noms disparaissent dans l’oubli des mémoires, même les plus fidèles, dès que vient la déchéance.

Ce qui rend votre tâche difficile, Général, c’est que nous vivons dans un pays où le non-respect de la parole donnée — voire même le parjure — est devenu chose banale. Les flagorneurs et les griots-ménestrels, vêtus de costume et de cravate, trouvent toujours mille raisons pour justifier le mensonge d’un chef, pourvu que cela leur soit profitable.

Il est vrai, Général, que votre gouvernance a été marquée par des abus de pouvoir et des violations des droits humains. Mais prendre aujourd’hui la décision ferme et historique de ne pas vous présenter à l’élection présidentielle serait un acte de grandeur. Ce choix effacerait bien des fautes et redorerait votre blason.

Ce ne sera pas chose aisée. Nous vivons dans un pays où ceux qui entourent le pouvoir ne poursuivent qu’un seul but : se servir du pouvoir à des fins personnelles. Ils utilisent souvent le chef comme un « dindon de la farce », trop lâches pour s’assumer, prompts à le flatter et à lui fournir toutes les raisons du monde pour tromper et se tromper.

Souvenez-vous, Général, de cette maxime de Sun Tzu :

« On est quelquefois trompé lorsqu’on pense tromper les autres. »

Les hommes ordinaires qui sont devenus de grands hommes ont, à leurs débuts, été confrontés à un choix difficile : l’honneur ou les délices du pouvoir. Ils ont choisi l’honneur et la grandeur, car c’est en cela que résident le salut et la félicité.

Général, vous avez encore un avenir politique, si vous acceptez de faire preuve de grandeur d’âme en organisant une élection libre, transparente et inclusive, mais sans vous, et sans aucun responsable ayant servi sous votre magistrature. C’est la promesse solennelle que vous avez faite au peuple de Guinée et à la communauté internationale. C’est aussi le seul moyen pour vous d’entrer dans l’histoire par la grande porte, votre nom gravé en lettres d’or dans le panthéon de la nation.

Le choix vous appartient, Général.

Mais comme le dit le célèbre dicton :

« On peut conduire le cheval à l’abreuvoir, mais on ne peut le forcer à boire. »

Ceux qui, aujourd’hui, vous soufflent à l’oreille que vous êtes un homme providentiel, que tout vous est permis, seront les premiers, demain, à se rallier sans vergogne au nouveau maître du pays, en traînant votre nom dans la boue.

Prenez garde, Général.


Par Sow Mamadou Kenda
Étudiant en Licence 3 – Histoire et Sciences Politiques
Université Général Lansana Conté de Sonfonia (UGLCS)

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