Le débat autour du port du voile lors de l’établissement des pièces d’identité nationale et des passeports vient de connaître un tournant majeur en Guinée.
Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a annoncé, dans un courrier adressé à la coordination du collectif « Ne touche pas à mon voile », que de nouvelles dispositions ont été prises afin de garantir le respect des femmes voilées dans les centres d’enrôlement.
Cette décision fait suite à une demande d’audience formulée par le collectif le 8 août dernier. Ce mouvement, né de la mobilisation de femmes musulmanes et de la société civile, dénonçait les contraintes imposées aux citoyennes voilées au moment de se faire établir leurs documents officiels.
Dans sa réponse, le Secrétaire général du ministère, Moustapha Kobélé Keïta, précise que le retrait du voile ne sera plus exigé, sauf dans les cas où celui-ci compromet la qualité de la photographie. Il ajoute que des agentes féminines seront désormais systématiquement affectées dans les centres d’enrôlement afin d’assurer un accompagnement respectueux et adapté aux femmes voilées.
Cette annonce marque une avancée significative dans un pays à majorité musulmane, où le port du voile reste un symbole identitaire et religieux fort. Elle intervient après plusieurs mois de débats et de frustrations exprimées par les associations féminines, qui voyaient dans l’ancienne procédure une atteinte à la liberté religieuse et à la dignité des citoyennes.
Pour de nombreuses militantes, cette décision représente une victoire pour la reconnaissance des droits des femmes musulmanes dans l’espace public et administratif. Mais elle pourrait aussi nourrir de nouveaux débats sur la place du religieux dans la gestion des affaires publiques en Guinée, dans un contexte où la laïcité et la diversité culturelle demeurent des sujets sensibles.
En attendant, le collectif « Ne touche pas à mon voile » peut se targuer d’avoir obtenu un engagement clair de l’État : permettre aux femmes voilées d’accéder à leurs droits civiques sans avoir à renoncer à leurs convictions.