Jusqu’au bout, les optimistes obstinés ont voulu lui accorder le bénéfice du doute, espérant de tout cœur un sursaut, même tardif. Les plus avertis, eux, n’ont jamais nourri de fausses illusions.
Désormais, tout le monde est édifié. La journée d’aujourd’hui a levé toute équivoque : le Général, en personne, s’est rendu à la Cour suprême pour accomplir les formalités de sa candidature à la prochaine élection présidentielle.
Si certains, qui ne s’y attendaient pas, paraissent déçus ou contrariés par cette tournure des événements, il faut néanmoins se féliciter que l’ambiguïté ait pris fin — une ambiguïté devenue, avec le temps, insupportable. En cela, l’acte du Général est peut-être salutaire.
Désormais, plus question de procès d’intention ni de supputations sur ses ambitions : il a clarifié sa position et pleinement assumé son choix. En tant que candidat, il n’est plus l’arbitre du jeu, mais un acteur parmi d’autres, exposé aux critiques et à l’adversité qu’entraîne naturellement un tel statut.
Ce nouveau rôle libère les initiatives et les énergies longtemps comprimées par l’attentisme et l’espoir qu’il respecterait son serment. En descendant dans l’arène politique et en sollicitant les suffrages des Guinéens dans un contexte marqué par le verrouillage du processus électoral, l’inféodation des institutions républicaines et l’exclusion des principaux acteurs politiques, le Général Doumbouya ne pourra plus bénéficier de l’immunité conférée par une transition prétendument neutre et impartiale.
Il ne pourra pas non plus compter sur la complaisance d’une classe politique qui, jusque-là, s’était efforcée de ménager ses relations avec lui. La situation nouvelle, inédite et chargée de tensions, ouvre la voie à un face-à-face politique déterminant.
Le candidat Mamadi Doumbouya ne sera plus le Président de la transition. L’un prétendait être au-dessus de la mêlée, l’autre deviendra une cible permanente.
Rien ne sera plus comme avant.